Cinéma

La Part des ténèbres de George A. Romero

George A. Romero, Stephen King : deux noms qui symbolisent le monde du fantastique et de l’horreur, au même titre que ceux de John Carpenter, Clive Barker ou encore de Wes Craven. Ce serait mentir de dire que l’évocation du King et de Romero ne fasse rêver personne et encore moins les producteurs, et pourtant… Il en a fallu du temps et des projets pour que les deux se mettent à travailler véritablement ensemble. Dès les années 70, George A. Romero est approché pour adapter Salem au cinéma, mais suite au brusque revirement des producteurs, qui décident d’en faire un téléfilm, Romero quitte le projet. La poisse ne s’arrête pas là pour le réalisateur, puisqu’il avait également travaillé sur le script, du storyboard et du découpage de Simetierre, mais sans passer derrière la caméra. 
Il aura fallu attendre le film à sketches Creepshow pour que les deux soient réellement associés. La part des ténèbres est-il le film providentiel ? Et bien, on va dire que ça ne sait pas vraiment passé comme prévu… 
La Part des ténèbres ou The Dark Half (dans sa version originale) est un long métrage qui s’est fait dans la douleur… Il faut dire que George A. Romero est tombé sur une boîte de production qui a connu la faillite et qui l’a pressé pour qu’il termine son tournage au plus vite, puisqu’ils ne pouvaient plus assumer les moindres frais dessus. La Part des ténèbres s’est donc terminé à la hâte, sans prendre le temps de véritablement travailler sur le montage… Le résultat est sans appel, malgré l’association des deux noms, le film souffre d’une déséquilibre scénaristique et d’un manque de prise de risque… 

Thad vit parfaitement heureux, et écrit même, sous un pseudonyme, des livres à succès ultra-violents qui lui permettent d’arrondir ses fins de mois. Jusqu’au jour où il décide d’éliminer son alias pour s’attaquer à une littérature plus sérieuse. Cependant, les forces de l’imaginaire sont puissantes.

Je préfère prévenir les adorateurs de Stephen King et plus particulièrement du roman, George A. Romero a tenu à coller au roman et ça fonctionne plutôt bien.
La Part des ténèbres est une oeuvre à part dans tout ce qu’a pu produire le maître, puisque ce roman est en partie autobiographique. En effet, Stephen King avait créée un double littéraire, Richard Bachman, afin de pouvoir voguer vers de nouveaux horizons. 
La thématique abordée ici, celle du romancier hanté par son double et contraint de continuer à écrire des romans qui ne lui plaisent plus, est chère à Stephen King, puisqu’on la retrouve dans Misery et dans une moindre mesure dans Shining. D’ailleurs, La Part des ténèbres est un mix habile entre ces deux romans, puisque le personnage de Thad Beaumont a lui aussi un double littéraire. Deux écrivains pour deux styles opposés. Thad Beaumont est l’intellectuel friand de littérature blanche, tandis que George Stark est l’écrivain grand public, adepte de la violence et plébiscité par le public. George Stark n’est autre que Stephen King, mais en bien plus méchant…
Thad Beaumont se rapproche des personnages de Jack Torrance, puisqu’il frôle la schizophrénie à plusieurs reprises, mais il ressemble également à Paul Sheldon, puisqu’il essaye d’échapper à ce qu’il écrit et surtout à son succès. Mais dans les deux cas, les deux romanciers seront rattrapés par ce qu’ils ont créé. D’un côté, un autre romancier qui veut continuer à vivre et de l’autre, une fan prête à tout pour que son auteur favori puisse continuer à écrire ce qu’elle aime 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que La Part des ténèbres démarre très fort et à de quoi attiser notre attention avec cette invasion d’oiseaux qui aurait pu faire frémir Alfred Hitchcock, mais aussi avec cette opération chirurgicale du cerveau qui flirt avec le gore. Mais voilà, la suite n’est pas aussi réjouissante pour nous… Le long métrage de George A. Romero semble se complaire dans un passage à vide où quelques scènes diffusent vont réveiller notre curiosité. Si l’on excepte le début et la fin du film, La Part des ténèbres pourrait davantage évoquer le psycho killer que le fantastique (le fantastique était tout de même plus appuyé dans le roman). Nous allons suivre en alternance les craintes de Thad Beaumont et les meurtres à l’arme blanche de George Stark, rappelant ainsi le Giallo et plus particulièrement le travail de Dario Argento). George A. Romero instaure un suspense qui ne fonctionne pas durant ces différentes phases, puisque celui-ci est bien trop gentil. Les scènes de meurtres sont bien souvent en hors champ et quand il décide de les filmer, celles-ci sont expédiées plus vite qu’il ne le faut. George A. Romero a-t-il un double aussi ? Un qui n’a peur de rien, qui nous montre des zombies à la pelle et un autre qui se veut plus sage et qui en a surtout ras-le-bol de n’être connu essentiellement que pour ça ? 
Il faudrait alors voir cette Part des ténèbres comme un combat mental entre Thad Beaumont et ses penchants pour la violence et dont les répercussions pourraient avoir un impact important sur sa famille. Si le film est lent, George A. Romero n’oublie d’être cohérent dans son final, puisque celui-ci ne sera absolument pas spectaculaire, ni réellement sanglant. Cette lutte d’ego se termine d’une façon sobre, par la plume. 


La Part des ténèbres n’est pas un film désagréable, bien que les deux heures de long métrage se fassent ressentir. C’est le genre de film que l’on regarde, que l’on garde pour compléter sa petite collection ou pour avoir toutes les oeuvres d’un réalisateur. George A. Romero ne brille pas par cette adaptation et cela ne marquera que sa longue descente en enfer… 

Chronique fait dans le cadre du challenge – L’automne avec Stephen King !
Et n’oubliez pas, si vous voulez en savoir un peu plus sur Stephen King et son actualité, je vous invite à vous rendre sur le Club Stephen King.

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