Ce n’est un secret pour personne, mais le cinéma de genre ibérique regorge de talent depuis de nombreuses années. On se souvient tous de la claque que nous avaient mis Paco Plaza et Jaume Balagueró avec le premier [REC], mais s’il y a bien un domaine où les Espagnols se font plus rare, c’est bien dans la SF. Le réalisateur Nacho Vigalondo en est bien conscient et c’est pour cela qu’il commence à travailler sur un scénario jouant sur les paradoxes temporels, s’en pour autant avoir conscience que ce film allait se faire. C’est grâce à son court-métrage 7:35 DE LA MANANA et à ses divers prix dans des festivals, ainsi qu’au fait qu’il soit nominé aux Oscars que sa popularité va augmenter. Le cinéaste n’est pas fou et il va profiter de cette opportunité pour passer au long métrage et plus particulièrement sur son idée de film SF.
C’est ainsi qu’arrive Timecrimes dans le monde du 7eme art et que celui-ci sera récompensé par divers prix dans plusieurs festivals comme celui de Gérardmer en 2009. Le bouche à oreille fera le reste et le film de Nacho Vigalondo se verra distribuer à l’étranger et sortira directement en DVD chez nous.
Un couple vient d’emménager dans une grande demeure, quelque peu isolée. Réveillé dans sa sieste par un étrange appel téléphonique, Hector observe ensuite avec ses jumelles les bois environnants. Intrigué par la présence d’une jeune femme dénudée dans les bois, il décide de traverser la forêt. Commence alors pour lui un cauchemar inimaginable.

TIMECRIMES
Avant toute chose, je préfère vous prévenir. Cette chronique est susceptible de contenir quelques spoilers, puisqu’il est vraiment difficile de parler de ce film.
Qui n’a jamais rêvé de voyager dans le temps ? Source inépuisable d’inspiration que ce soit pour la littérature ou pour le 7eme art, le voyage dans le temps est sans doute le concept le plus compliqué à mettre en place dans un scénario, surtout si on s’attarde sur les failles que cela engendre. J’ai en souvenir l’épisode de The Big Bang Theory où nos héros tentent de comprendre les différents espaces temps que compose le film Retour vers le Futur.
Nacho Vigalondo ne s’embête pas avec ça, car le réalisateur y va à l’économie. Timecrimes démarre comme un simple thriller horrifique, parfois proche d’un giallo ou d’un slasher, mais le réalisateur va rapidement prendre un virage sympathique en plongeant son héros et son spectateur dans un cauchemar temporel. Je vous préviens tout de suite, Timecrimes de Nacho Vigalondo a de quoi en décontenancer plus d’un, notamment les fans de Science-fiction, tant le réalisateur ne s’embête pas à nous pondre des plans magnifiques et parfois vide de sens. Le réalisateur n’offre pas un beau film, ni un long métrage qui déborde de références, mais un concept que l’on s’amuse à suivre.

L’histoire de ce Timecrimes est assez simple à suivre et le réalisateur implique son spectateur assez rapidement, notamment divisant son huis-clos en trois endroits bien distinct (Forêt / Base scientifique / Maison). Nacho Vigalondo construit son long métrage comme une véritable pièce de théâtre où le décor change devant nos yeux avec une certaine délectation. C’est en se focalisant sur son histoire et sur son personnage principal que le cinéaste réussit son tour de force. Celui-ci nous présente Hector, un homme tout ce qu’il y a de plus banal qui va devoir vivre une soirée cauchemardesque, puisque le surnaturel est introduit dans sa vie quotidienne. Tout semble s’emboîter comme des poupées russes, bien que LA révélation se fait sentir bien avant qu’elle n’arrive, mais cela n’enlève rien à l’idée de base.
Comme je vous l’ai dit précédemment, Timecrimes mélange les genres et c’est ainsi que l’on retrouve un certain humour noir, notamment avec le personnage d’Hector qui, en essayant de changer le cours des choses, se verra multiplier les gaffes. Notre regard sur ce personnage sera également mis à mal durant tout le long métrage, puisque celui-ci deviendra victime et bourreau dans cette histoire paranoïaque.

MAIS, car il y a toujours un mais. Timecrimes fini tout de même par lasser, notamment avec son concept qui se répète un peu trop et qui donne l’impression que l’idée n’aurait été que plus impactante avec un court métrage. Le deuxième problème, selon moi, vient plutôt de la campagne publicitaire de Pathé qui distribue le film en question. En effet, l’équipe met en avant un long métrage qui se rapprocherait de l’esthétique d’un Boulevard de la mort ou d’autres films estampillés Grindhouse. Spoiler alert, il n’en est rien… Le pire vient aussi quand on a l’impression que Timecrimes est un slasher, surtout quand le tueur au visage bandé est mis en avant sur la jaquette. La déception intervient assez rapidement quand on comprend que ce tueur n’est pas si essentiel à l’histoire.

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