Après une annonce faite il y a déjà un an. Après un temps de réflexion assez long, pas autant que l’attente de la sortie du nouvel album de TOOL, je me lance enfin dans la chronique de CD. Je ne sais pas si cela reviendra assez souvent sur le blog, mais j’avais envie d’aborder le sujet de la musique sur un nouvel angle pour moi.
Quoi de mieux pour débuter que de faire coïncider cet essai avec la sortie du sixième album de Slipknot ?
L’arrivée d’un nouvel album de Slipknot est toujours un événement en soi et s’il existe un groupe qui divise toujours autant toute une scène Metal, c’est bien celui-ci. Combo parfait pour certains, groupe de mongoliens faisant du bruit pour d’autres ou encore l’exemple du groupe qui est devenu une véritable usine à fric (ce ne sont pas les seuls). Il n’est pas rare de lire ce genre de choses sur le net, voire même de les entendre lorsque l’on dit qu’on aime toujours autant le groupe. Il faut croire qu’on ne doit plus les apprécier après nos 14 ans… Le groupe venu tout droit d’Iowa n’aura jamais fini de faire parler de lui. N’en déplaise à certains, Slipknot marque l’année 2019 avec une nouvelle cuvée, 5 ans après .5 : The Gray Chapter, premier album du groupe à se faire sans le bassiste Paul Gray décédé en 2010 et sans le batteur Joey Jordison.
Ironie du sort (ou pas), We Are Not Your Kind est également un album qui s’est fait dans la douleur et qui est marqué par quelques soucis, notamment avec le départ d’un des membres du groupe, à savoir Chris Fehn (second percussionniste) qui a été licencié suite à des conflits financiers (mais cela ne nous regarde pas), mais également par le décès de la fille de Shawn Crahan (Clown), alors âgée de 22 ans. Le sort semble s’acharner sur les gars de l’Iowa et ce nouvel album semble alors parfait pour former un exutoire propre à ce que le groupe nous propose depuis le début.
L’attente entre les deux albums n’était pas forcément longue, mais tout de même incertaines, puisque les membres du groupe avaient du mal à se caler pour une session studio, notamment dû au planning plus que chargé de Corey Taylor avec son autre projet Stone Sour, mais aussi selon certaines rumeurs, car les envies créatives n’étaient pas les mêmes pour tout le monde. Alors qu’attendre de ce sixième album ? Difficile de vraiment le savoir avant écoute, puisque Slipknot nous aura d’abord proposé un titre de qualité, All Out Life, qui ne fera pas partie de celui-ci et qui nous aura fait patienter quelques mois avant les trois premiers singles Unsainted, Solway Firth et Birth Of The cruel. 3 titres inégaux, mais qui donnent tout de même l’impression d’un retour au riff à la fois violent et lourd qui avait fait le succès du groupe.
Cette impression est confirmée par Corey Taylor lui-même qui parlera d’un retour au source et d’un album se rapprochant du merveilleux IOWA, mais ce premier jugement sera également à revoir puisque Jim Roots nous affirme que Slipknot n’est plus le même groupe… Prémisse de ce que l’on pensait vis-à-vis de la mauvaise ambiance dans le groupe ? Ce sixième album sera t-il le dernier du groupe ? Je vous rassure tout de suite, la bonne ambiance semble être au beau fixe et ce n’est pas la prestation du groupe lors du Knotfest sur les terres clissonnaises qui me fera dire le contraire.

Slipknot – We Are Not Your Kind
Ce nouvel album m’a d’abord laissé perplexe et puis après quelques écoutes et surtout quelques jours pour le digérer, je dois dire que je l’ai beaucoup aimé. Pour celles et ceux qui veulent vraiment savoir, non We Are Not Your Kind n’est pas le retour aux premiers albums comme le laissait espérer Corey Taylor et je pense qu’on ne verra jamais ce retour. Il faut bien se faire une raison et moi le premier, mais un album comme IOWA vient bien d’une autre époque. C’est comme demander sans cesse aux gars des Queens Of The Stone Age de revenir à du Stoner… Slipknot prouve encore une fois qu’il faut évoluer dans le temps et ce n’est pas les transformations marquées par leurs différents masques qui diront le contraire. Le groupe ne fait pas dans la facilité, comme certains groupes, bien que l’on retrouve un peu le côté automatique qu’on leur connaît. On a comme un goût de déjà entendu par moment, mais ce n’est pas forcément déplaisant. Le groupe continue à souffler le chaud et le froid comme les musiciens savent très bien le faire, notamment avec des transitions toujours aussi glauques à base de chuchotements, de respirations comme avec le glaçant What Next qui est une sorte de berceuse malsaine qui pourrait provenir d’un film de maison hantée. D’ailleurs, ce petit côté inconfortable du cinéma d’horreur se retrouve également dans les étranges morceaux que sont Spiders, et My Pain, mais également sur le titre Orphan qui donne l’impression d’être face à une foule malfaisante.
Pour avoir son lot de rage, d’agressivité, mais surtout de nostalgie, il suffit d’écouter le titre Birth Of The Cruel qui semble venir tout droit des années 90 avec son riff typé Néo-Metal, ses arrangements électroniques et ses scratchs proposé par Sid Wilson et Craig Jones, mais qui, malheureusement, finit par tourner en rond. On sort un peu plus de ce côté nostalgique avec les merveilleux Nero Forte et Critical Darling qui allient puissance rythmique et envolée lyrique de la part de Corey Taylor sur le refrain, pouvant ainsi rappeler les ambiances que l’on retrouve dans le groupe Ghost. Le tout magnifié dans Nero Forte par un pont nous renvoyant directement à l’album précédent, mais aussi à la folie des débuts avec ce cataclysme de percussions provoqué par Jay Weinberg, Shawn Crahan et Tortilla Man (son identité est toujours inconnue). Mais on ne va pas se mentir, tout cela semble assez convenu.
S’il y a bien un morceau qui se dégage par son agressivité, c’est Red Flag et son concentré de rage, qui sera, sans aucun doute, un des meilleurs morceaux à vivre en concert (ce son de basse…). Comme je le disais un peu plus haut, We Are Not Your Kind semble souffrir de l’aspect automatique du groupe qui joue un peu trop souvent sur le calme inquiétant et l’explosion d’agressivité, l’obscurité et la lumière venant de la voix de Corey Taylor que l’on connaît depuis longtemps. La structure de l’album semble donc n’apporter aucune surprise et ce sera bien dans certains titres que l’on pourra trouver notre bonheur.

La créativité et le renouveau de Slipknot semble venir sur les morceaux qui pourront vous paraître en deçà, voire complètement mauvais, avec une seule écoute de l’album. Pourtant, c’est bien sur des morceaux comme Spiders où Corey Taylor semble pouvoir tenter de nouvelles choses avec sa voix, le tout accompagné d’une mélodie au clavier angoissante et entêtante, ainsi qu’une mise en avant du duo Sid Wilson et Craig Jones, mais surtout d’une inventivité de Jay Weinberg jouant sur les temps faibles. Ce morceaux pourrait tout à fait se retrouver en BO d’un long métrage de David Fincher, voire de David Lynch. Les gars de Slipknot vont aussi beaucoup surprendre avec le morceau My Pain qui est une excellente composition trip-hop, qu’aurait d’ailleurs pu sortir Deftones. Le groupe joue sur ses effets angoissants et sur ses samples, notamment avec quelques notes de clavier complètement hypnotisante et des chuchotements, de quoi vous faire plonger encore une fois dans un autre monde. Un peu moins de sept minutes dans un endroit lugubre et humide… Slipknot innove et ça ne fait pas de mal.
We Are Not Your Kind est le genre d’album qui doit s’écouter d’une traite, tout en étant concentré, afin de profiter pleinement de l’ambiance lugubre, malsaine entre rage intense et calme lumineux mise en place par Slipknot. Cet album semble vouloir nous raconter quelques choses, nous mettre dans un état second et je peux vous dire que ça fonctionne vraiment bien. Il est tout à fait possible cependant de retenir quelques titres pour les écouter indépendamment comme Nero Forte, Not Long For This World qui est d’une montée en pression absolument parfaite pour l’apocalypse de Solway Firth (le deuxième titre qui va tout détruire sur scène).
Mais j’en viens à me demander si le meilleur morceau de l’album ne serait tout simplement pas A Liar’s Funeral. Balade angoissante qui monte en intensité jusqu’aux cris déchirant de Corey Taylor. Sans doute le titre qui représente au mieux ce travail sur l’ambiance et sur son ambivalence entre la clarté et l’obscurité du groupe. Le « Burn the liar » et les derniers « Liar » criés par le chanteur me procure encore des frissons…
Je confirme ce que j’ai dit avant de vous parler de cet album. Le groupe Slipknot va encore faire parler de lui et il va encore diviser la scène Metal. We Are Not Your Kind est un concentré de ce que le groupe sait faire de mieux, mais avec quelques surprises qui montrent que Slipknot est toujours aussi créatif. C’est d’une maîtrise incroyable, d’une maturité encore jamais atteinte pour le groupe. C’est un album qui saura trouver son public, comme les fans de la première heure notamment. En tout cas, laissez quelques jours à cet album, laissez le vous engloutir quelques temps pour émettre un avis dessus. Je ne sais pas si c’est la nostalgie qui parle, mais We Are Not Your Kind c’est tout de même du grand Slipknot, inspiré et efficace.
Catégories :Chronique CD, Coup de coeur, Musique
Une très belle chronique qui donne envie. Du peu que j’en ai écouté, cet album m’a l’air pas mal du tout. Nero forte fait a un rythme que j’adore. Et Unsainted était déjà un coup de cœur.
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Merci beaucoup 🙏. J’avais vraiment peur que ça n’intéresse personne ici !
Pour moi c’est du très grand et coup de cœur pour Nero Forte également 🙂 et Unsainted fait partie des meilleurs morceaux !
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We are not your kind, Je crois que le titre s’adresse à moi. 😉
En tout cas belle chronique, qui parlera sans doute davantage aux aficionados.
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Merci beaucoup 🙂. Je savais bien que je m’adressais à une petite niche ici, mais je suis heureux que tu sois venu lire tout ça 🙂
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