Oyez lecteurs & blogueurs ! Nous nous retrouvons aujourd’hui pour une chronique qui déchire, ni plus ni moins. Longuement teasé sur les réseaux sociaux, ce livre m’a retourné la tête, si bien que nombre de mes lectures récentes, notamment les thrillers, me paraissent bien fade à l’heure actuelle. Ce livre, je n’ai pas hésité à le prendre avec moi la première fois que je l’avais vu en librairie. Une couverture qui me plaît, un titre intriguant et un résumé attractif. Et des avis dithyrambiques. Acheté direct et, quelques mois plus tard, je le lis. Bon dieu d’bon dieu. Je me dois d’être honnête avec vous. Je l’ai toujours été. Ce livre n’est pas un coup de cœur. Il est inclassable. Pour moi, ça va au delà de ce qu’un livre puisse transmettre. Il n’a pas les fortes valeurs humaines que possédait un Entre deux mondes d’Olivier Norek, par exemple. Mais en tant que lecteur de Thriller, il possède littéralement TOUT ce que l’on recherche dans un livre pour être agrippé de la première à la dernière page. Je vous avoue, une nouvelle fois – décidément, c’est le jour – que je n’ai que rarement connu cet effet dans ma vie de lecteur. Il est aussi vrai que j’ai une certaine passion pour les thrillers juridiques. Moins que pour les psychologiques, mais tout de même. Y’a cette aura au-dessus de ces livres, les avocats sont les premiers à pouvoir vous en mettre plein la vue, par leur principe d’analyse, de persuasion et leur capacité de démontrer, par la parole et donc leurs arguments, qu’un tel sera coupable… Ou innocent. Et ça m’espante chaque fois. Sérieusement, je me retrouve bouche bée face à certaines séquences. Et c’est aussi plus fort dans les thrillers, car à chacun de ces passages, vous êtes certain d’avoir une révélation. Et des révélations, y’en a à la pelle dans ce livre. Sans plus attendre, je vous présente 13 de Steve Cavanagh, troisième livre de l’auteur aux éditions Bragelonne.
Eddie Flynn doit défendre un célèbre acteur accusé du meurtre de sa femme. Mais ce qui ressemble à un crime passionnel pourrait bien être l’énième meurtre d’un des tueurs en série les plus intelligents qui aient jamais existé.
Ariella et Bobby Solomon étaient le couple le plus glamour d’Hollywood. Ils avaient le monde à leurs pieds. Mais Ariella est morte et Robert se tient aujourd’hui dans le box des accusés. C’est le procès médiatique du siècle et la défense exige qu’Eddie Flynn se charge du dossier. Tout indique de Robert est coupable et pourtant. Dès le début du procès, une série d’événements inquiétants fait germer le doute dans l’esprit de l’ancien escroc reconverti au barreau.
Commençons par la conclusion: ce livre est une véritable claque littéraire dans le genre du thriller. Voilà, c’est dit. Maintenant, je peux vous expliquer pourquoi. Et vous donner mon ressenti.
Où se situe la force de 13 ? Y’a tellement de choses à dire. Ce livre, c’est beaucoup plus que ce qui est présenté en résumé. Ça dépasse tout ce que vous pouvez attendre. Peut-être qu’après la lecture de cette chronique, ce ne sera plus le cas. Qu’importe. Résumons un peu ! C’est l’histoire d’une célébrité montante dans le domaine du cinéma, le futur Di Caprio quand même, qui est accusé d’avoir assassiné son épouse et son gardien de sécurité. Deux meurtres atroces, qu’il se défend de ne pas avoir commis. Eddie Flynn, qui dès le début du roman met en PLS un policier au barreau du tribunal, se retrouve engagé par un cabinet d’avocat prestigieux pour sauver la tête de Bobby Solomon, accusé donc de ces meurtres. C’est un peu le topo de départ, mais ça va au delà. Nous suivons également la narration de Joshua Kane, qui dès le départ met la main sur des listes officielles de noms de jurés. On est d’ores et déjà confronté au cynisme et à l’humour sans réserve d’un tueur froid et calculateur. La crème des crèmes en tant que tueur en série. La cerise sur le gâteau de ce roman. Il est prévoyant, méthodique, a des raisons louables, ses signatures de meurtres sont parfaites et il va tuer, oh ça oui, au sein de ce livre.
13, ce n’est pas seulement le nombre qui porte malheur. La signification de ce titre est multiple et je vous laisserai le découvrir. Ça vous cassera longuement la tête. Je vous l’ai dit, des révélations, et retournement de situations, vous en aurez ! Et pas qu’un peu. Vous ne verrez rien venir parce que vous auriez beau réfléchir, l’auteur garde un, voire deux coups d’avance sur nous et nous prenons claque sur claque au fur et à mesure des différents éléments qui nous sont exposés.

13, ce n’est pas un thriller juridique classique, comme peut les faire John Grisham. J’ai lu que Steve Cavanagh était le nouveau John Grisham. C’est faux. JG développe des intrigues intéressantes mais parfois profondément ennuyante. Or, l’ennui est un mot étranger avec Steve Cavanagh. Ce dernier est déjà un nom aux États-Unis. Il a déjà ses références, fait ses gammes. Il n’est pas le futur, il est le présent. Ce livre est intense, mouvementé. Il est entraînant, enivrant. Chaque page se tourne avec envie. Arrivé à la page 170, lorsque j’ai repris ma lecture je savais que je ne pourrais PAS reposer le livre, dormir, avant de l’avoir fini. Mais je ne voulais pas qu’il finisse. Il aurait pu durer 2.000, 3.000 pages que ça ne m’aurait pas dérangé. Voyez-vous, j’étais tellement bien au contact de ces personnages, que cette histoire m’a subjugué par son entrain, la force psychologique de ses personnages, notamment Eddie Flynn et ce tueur excitant, par la qualité quasiment sans égal de son intrigue maîtrisée de bout en bout. Il ne s’agit pas seulement d’un tribunal et d’un procès. Y’a une enquête, efficace et soignée, et ce procès qui en étouffe plus d’un, lecteur compris.
13, c’est évidemment de la plaidoirie. J’aime ça, c’est stimulant. La façon dont les avocats mettent en place leur stratégie, ça donne du peps. Ce n’est pas possible de ne pas apprécier ça. Mais je vous l’ai dit, aucun ennui à l’horizon. L’histoire évolue. À certains moments, pendant le passage des témoins à la barre et les questions de Flynn aux différents témoins, je me suis mis à vivre en temps réel les explications d’un Hercule Poirot, qui rassemble tout le monde dans une pièce pour identifier le coupable. C’est à peu près le même schéma. Le but d’Eddie Flynn, et de tous les avocats de la défense, est simple. Mais aussi compliqué. Il faut convaincre, persuader. Pas le public, pas le juge. Mais 12 jurés. Ce sont eux qui ont la sentence au bout de leur bouche. Et le jury est minutieusement sélectionné au préalable. Tout a été étudié avec soin, et les avocats se réservent le droit, le jour J, d’émettre un veto sur tel ou tel juré. J’ai bien aimé suivre cette sélection.
J’ai rarement connu un livre aussi fort dans sa façon de procéder et de nous abattre les cartes comme l’on abat le marteau. C’est un couperet que les personnages ont au-dessus de la tête. La sentence est puissante. Et au plus on se rapproche de la fin, au plus c’est asphyxiant et les révélations sont étouffantes. On s’attend à du lourd, et le lourd arrive. Ça décoiffe et on est pris aux tripes.
13, c’est un livre fort pour son tueur en série. Il nous prend très vite au dépourvu par sa façon de procéder. Il est méthodique, il ne laisse RIEN au hasard. Tout est calculé, en cas de conscience. Vous vous en apercevrez très vite. Tout ce qu’il manigance est au-delà de tout ce que j’espérais. Ce n’est que le sommet de l’iceberg que vous voyez. Joshua a beaucoup tué, et très tôt. Joshua s’est vengé, et beaucoup. Et Joshua est prévoyant, très. Et Joshua n’est pas seul, oh ça non. De plus, sa soif de sang n’est que rarement rassasiée, mais il n’en reste pas moins calculateur. Il ne tue pas pour tuer, il existe toujours un but derrière. Il va se débarrasser de pas mal de personnes au cours du livre. Et s’immiscer dans ce procès qui agite New York. Enfin, je dois dire que ses signatures sont captivantes et les meurtres ingénieux. Ce n’est pas simple. Et nous savons son nom. Est-ce pour autant que nous savons de qui il s’agit ? Détrompez-vous !
Ci-après, la conclusion psychologique du tueur, présenté dans le livre:
Le suspect est extrêmement intelligent. Très organisé. Bonnes qualités relationnelles. Manipulateur. Traits de caractères narcissiques. Sociopathie et psychopathie présentes, mais le suspect reste un individu bien adapté qui a la capacité intellectuelle de dissimuler sa symptomatologie au public, à sa famille et à ses amis. La violence infligée aux victimes, à la fois ante et, dans certains cas, post mortem, suggère une part de sadisme…
Je ne met pas tout, pour vous réserver de belles surprises. La principale venant de ce livre, qui m’a fait passer une moment de lecture intense, éprouvant et addictif. Un livre comme on en fait peu. Un livre qui mérite d’être lu par une majorité.
C’était Chris Pleack, et je vous remercie de votre attention !
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