Ce que je trouve exceptionnel avec la littérature et plus particulièrement moi, c’est que mes plus gros coups de cœur ne l’ont pas été dans mon genre favoris, le thriller. Du moins les lectures qui laissent une empreinte indélébile sur votre cœur, un marque ineffaçable sur votre esprit, créant un souvenir qui vous marquera le restant de vos jours, mais surtout les miens. J’avais eu cette sensation avec Carter contre le diable, merveilleux livre de Glen David Gold. J’avais connu destin similaire avec Geisha d’Arthur Golden. Deux livres à consonance historiques, donc. Vous connaissez le dicton : jamais deux sans trois. Magnifique, mais aussi meurtri. Je ressors de ma lecture avec une arrière goût âcre dans la bouche. Non pas celui d’avoir vécu une lecture détestable, au contraire. Mais de ceux qui vous heurtent au plus profond de vous, qui ne vous laissent pas indifférent. Comment peut-il en être autrement, après ça ? Comment ne pas réagir, comment ne pas vivre intensément cette histoire ?
Marquée par une forte valeur historique, agrémentés de faits réels documentés, cette lecture a eu le loisir de me faire passer par tous les stades d’émotions possibles. Passer d’une émotion à une autre, comme un lunatique. Ces livres sont des bijoux à recommander du mieux possible autour de nous et c’est ce que je m’empresse de faire aujourd’hui, et maintenant… Et pour la vie. Messieurs dames, jeunes hommes et jeunes femmes, n’avez-vous pas encore lu Le chant du Rossignol, autant témoignage que fiction vivifiante qui vous donnera autant de joie que de tristesse ? Qu’attendez-vous ? Kristin Hannah nous concocte ici une merveilleuse histoire qui nous place au cœur des horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, avec deux héroïnes, des sœurs, aux destins opposés mais à un combat similaire : la lutte.

Si Steven Spielberg nous avait gratifié dans Il faut sauver le soldat Ryan de nous montrer la guerre tel qu’elle était, sans artifice, barbare… C’était avant tout du côté américain, et d’un point de vue masculin. Kristin Hannah nous montre ici l’horreur de la guerre d’un point de vue féminin. Comment les femmes ont-elles vécu la guerre, lorsque la majeure partie de leurs hommes sont enrôlés de force pour garnir les troupes ? Seules à la maison avec leurs enfants pour luter contre l’envahisseur nazi. La France a souffert. Durement, simplement.
Doté d’une trame historique fiable et sans anicroche, marqué par certains événements, comme le prise du pouvoir de Pétain, l’appel du Général de Gaulle, les réactions sont diverses, même entre les deux sœurs. L’une, Vianne, l’ainée, dont le mari est parti au front, veut avant tout protéger sa fille, Sophie. Elle fait passer ses priorités après sa fille. Elle se veut être une bonne mère et sera contrainte à certains sacrifices. Au fur et à mesure du roman, on se prend à apprécier de plus en plus ce personnage, réservé au début, un peu lâche, pessimiste et persuadé d’avoir raison, tandis que nous qui savons ce qu’il se passe par la suite, ne pouvons que lui donner tord. Mais il faut se mettre à sa place, avec ses croyances, l’espoir et tout ce qui s’ensuit. Ce n’était pas simple, à vrai dire l’enfer commençait pour elles à partir du moment où les allemands ont mis un pied en France. Dès lors que l’occupation a commencé, des mises en place strictes ont eu lieu ! Restrictions de nourriture, radios interdites, couvre-feu, bref, la liberté qui en prenait un coup. Puis des mesures en plus en plus épouvantables eurent lieus… Au grand dam de toutes ces personnes qui durent subir tous ces désagréments.
Le chant du Rossignol, c’est une lutte. Une lutte contre le pouvoir, contre l’ennemi, l’occupation, le nazisme. Mais aussi, dans notre monde, notre actualité, une lutte pour la place de la femme comme égal de l’homme. Une lutte incessante qu’elle se doit de faire pour faire valoir ses droits. Cette lutte est formidablement incarnée par Isabelle Mauriac, la jeune sœur de Vianne. Bon dieu que j’ai aimé ce personnage, son insouciance, ses convictions, ses pensées, ses rêves. Elle veut être le fer de lance de cette France résistante. De ces valeurs qu’elle défend tant. Elle veut tant et tout à la fois, si bien que la réalité rattrape souvent ses rêves, mais que ses rêves deviennent aussi sa réalité. Elle va vivre tant de choses, qui vont la faire passer à dix-huit ans du statut de jeune femme à adulte, immédiatement. Ça va être dur, très dur. Mais elle va surmonter les étapes une à une jusqu’à une irrémédiable finalité.

J’ai adhéré à la plume de l’auteure de suite. Porté par un style qui nous place au centre d’un monde enclin au changement, auquel nous connaissons les différentes facettes, ce livre se lit à cœur ouvert, vos émotions mise en avant, votre sensibilité en première ligne pour faire face aux atrocités de cette vie et aux difficultés que rencontrent les personnages de ce roman. L’histoire des sœurs est, je pense, fictive mais rien ne nous dit que l’auteure ne s’est pas appuyé sur des témoignages plus ou moins proches d’elle pour écrire son livre. Je dois dire être étonné de la facilité que l’on a à imaginer cette ville créée de toutes pièces (Carriveau) ainsi que l’empathie que l’on ressent envers les protagonistes, qu’ils soient du côté Français, ou allemand. Car oui, les unités de la Wehrmacht et ses gradés n’étaient pas les pourris que l’on veut bien croire. C’était différent des SS et de la Gestapo qui, eux, en plus de rabaisser quiconque et de se permettre nombres de comportement inexcusables, se moquaient outrageusement de la France et ne voyaient qu’en ce pays un chien bien dressé ayant vite capitulé.
L’évolution des deux sœurs est, évidemment, au cœur de ce livre. Vianne suit une trajectoire monotone mais les événements plus compliqués les uns les autres et sa liberté de plus en plus décadente vont faire qu’elle va suivre une trajectoire ascendante. Pour Isabelle, nous sommes de suite convaincu du fait qu’elle aura un rôle majeur au sein de cette France résistante. Un troisième narrateur intervient par intermittence. Une dame âgée ayant un fils, Julien. On comprend très vite qu’il s’agit de l’une des deux sœurs mais je dois avouer ne pas avoir été capable de dire avec certitude laquelle c’était avant d’avoir la révélation finale et lourde de sanglots anéantissant mon cœur émietté.
Les sanglots longs
Verlaine, vers clés du débarquement
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
En conclusion, Le chant du Rossignol a été pour moi plus qu’une excellente lecture. Deux après-midi au-côté des sœurs Mauriac, ramené à un temps de guerre où il ne faisait pas bon de vivre. Des dizaines des milliers de millions de personnes sont mortes et nous avons encore de quoi nous en souvenir. Ce livre est une ode à l’Humanité qui sommeille en nous. Ce livre est à lire par une majorité autour de nous.
Catégories :Historique, Littérature
Je pense que tu pourrais aimer Deux femmes dans la tourmente.
Pour moi aussi ce roman de Kristin Hannah est une belle lecture. Je la recommande aussi.
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Je l’ai noté !
Merci beaucoup 😊
Tu as lu Le Chant du Rossignol du coup ?
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Oui. Excellent
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