Littérature

La conspiration des médiocres d’Ernesto Mallo: Un polar argentin efficace

Je demande aujourd’hui un polar argentin ! Si l’on m’avait dit y’a encore quelques mois que je m’exporterais aussi loin dans la nationalité des livres que je pourrais lire, je ne l’aurais pas cru. En quelque sorte, je sortais ici de ma zone de confort. C’était un envoi d’une copine, qui pensait que le livre pouvait potentiellement me plaire. Donc pas un achat. Je vous avoue que je ne connais pas l’auteur, et pourtant il s’agit ici du 4e ouvrage avec le personnage de Lascano, un flic intègre de la ville de Buenos Aires.
Nous avons tous un tas d’auteur à découvrir. Pour ma part, je n’ai toujours pas lu certains des auteurs les plus connus en France (Coucou Chattam, Lebel…). Alors m’exporter vers un auteur argentin ? Je ne l’aurais sûrement pas fait de moi-même. Mais c’est aussi ça, la magie de la littérature. Apprécions ce que l’on a à nous offrir. Et pour ma part, il s’agit ici d’une belle découverte. Pas exceptionnelle, mais tout de même bon à mes yeux. Et surtout efficace. Deux-cents pages bien traitées qui m’ont tenu en haleine.
Aujourd’hui, penchons-nous ensemble sur La conspiration des médiocres, d’Ernesto Mallo, aux Editions Rivages.

Comme je vous le disais plus tôt, tout le déroulé du livre se passe en Argentine et plus précisément à Buenos Aires dans un contexte difficile, en 1974-1975. Nous retrouvons le Lieutenant Lascano dans sa jeunesse, tandis que les autres livres de l’auteur le placent plus vieux. Ce dernier est un flic intègre et sûrement trop pour cette ce commissariat, ces politiques, cette ville et ce pays… Lascano va être traîné dans la boue avec comme consigne de fermer sa grande gueule. Après avoir pris en main une affaire d’un suicide qui n’en a pas l’air, confirmé par le légiste avec qui il est assez proche, tout dégoupille. Les flics corrompus, en premier lieu, infestent la police de Buenos Aires. Les «Médiocres». Ils gèrent tout le réseau et sont des nuisibles au cours de l’histoire et auront diverses incidences sur son déroulé.

Il est difficile pour Lascano de ne pas perdre pied. D’autant plus lorsqu’il rencontre cette charmante jeune femme dont il va tomber amoureux et tenter de séduire. Cette dernière va l’aider dans son enquête et ses avancées mais ça ne sera pas chose facile, tant Lascano sera mis au placard et dont la vie va peu à peu devenir incertaine.

Je regrette un peu que l’enquête de départ se perde et face place à tant de choses, ce qui me fait ressortir de la lecture un sentiment assez brouillon. Mais c’est aussi ce qui fait, je pense, le charme de ce roman, qui dynamite, qui expose au grand jour les difficultés d’un pays à luter contre une dictature militaire, érigée par la Triple A et ses escadrons de la mort.

Je dois également avouer que l’édition, surtout au niveau des dialogues, m’a surpris et déstabilisée. Je vous montre ci-après, ce qui pour nous sont les pensées d’un personnage se révèle ici et tout le long du livre des dialogues entre personnages.

Spoil ah ah

Revenons-en au personnage principal et à l’histoire qui nous intéresse. Lascano est mis sur l’affaire d’un suicide d’un ancien Nazi, qui se serait mis une balle dans la tête. Suicide vite remis en cause et l’enquête pour découvrir le pourquoi, soulever des réponses, remuer la crasse et la terre va poser des problèmes en interne. Associé à un bleu dont il n’a pas voulu, Lascano va jouer avec le feu. Pas adepte de la résignation, plutôt grande gueule et personnage assez sympathique malgré son passé noir, ce dernier m’a beaucoup plu. Sincère, touchant et surtout intègre. Difficile de lui reprocher tout ce qu’il fait. Mais il va souffrir, grandement. Chacun sait ici comment il ne fait pas bon vivre pour les personnes trop gentilles. Je ne dirais pas que Lascano l’est trop. Mais son amourette avec la traductrice le dessert grandement. Il est pris entre deux étaux.

L’histoire prend donc un tour des plus inattendus, très vite. On s’écarte de l’enquête initiale, qui s’agit de retrouver l’identité du meurtrier du Nazi, pour faire place à un complot d’envergure et un plan des flics et politiciens corrompus. Beaucoup vont y passer, sans que ce soit non plus violent. C’était suffisant. Dans un condensé de 200 pages, tout de même !

Je m’en vais ouvrir une dernière partie, finalement, sur le style de l’auteur. Ça m’a déstabilisé tout en étant plaisant. Il ne s’agit pas d’un polar/thriller comme les français le font, c’est à dire très dynamique, survitaminé, de nombreux rebondissements. Pas de polar scandinave qui prennent leur temps, à la limite du soporifique. Attention, aucune critique ici, je suis assez adepte de ce genre de livres. Pas d’influences asiatiques non plus, qui mélangent ce qui se fait en France et en Amérique. Ce polar argentin est pour moi à part de ce que j’ai pu lire jusqu’à présent. De longs textes, parfois descriptif mais qui n’obstruent pas la lecture. De l’action, pour que nos pupilles restent captivées. De l’intensité et des rebondissements. Mais traité de façon assez lente pour autant.

En résumé, ce premier polar argentin demeure pour moi une bonne surprise. Déstabilisant, un brin déroutant mais plaisant, j’ai beaucoup aimé découvrir ce personnage de Lascano et je me tâte, plus tard, à découvrir une autre de ses enquêtes !

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