Cinéma

Cymbeline de Michael Almereyda

Bonjour à toutes et à tous,

Je reviens vers vous aujourd’hui avec un film qui est passé inaperçu en France lors de sa sortie en 2015. Sortie directement en vidéo, Cymbeline de Michael Almereyda est le genre de film que l’on achète sans réellement savoir ce que l’on a entre les mains, le genre de film que l’on regrette vite d’avoir acheté… C’est aussi avant tout un long métrage qui souffre de critiques virulentes et d’un marketing désastreux.
Retour donc sur un film mal aimé, mais surtout très mal vendu. Vous êtes prêts ?

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Synopsis

King Cymbeline est le leader d’un gang de bikers hors-la-loi qu’il dirige d’une main de fer. Il est engagé dans une guerre sans merci contre la police de la ville pour défendre son territoire, La jalousie et l’ambition de ses proches vont déclencher une succession de trahisons appelant la vengeance…

Les critiques cinéma et le service marketing ont-ils réellement vu ce film ?

Pour répondre à cette question, je vais déjà devoir vous parler de mon acquisition. C’était il y a quelques jours dans un magasin de déstockage, le genre où l’on trouve de tout et surtout des DVD ou des BR. Que ce soit un navet pas possible ou alors une perle, on repart toujours avec quelque chose. En fouillant dans les back, je tombe sur ce titre Anarchy – Ride or Die et dont le casting alléchant attire mon regard. Puis, en y regardant de plus près, je vois un commentaire de David Rooney du Hollywood Reporter disant « Un mélange en Sons Of Anarchy et Game Of Thrones ». Le genre de commentaire qui veut tout et ne rien dire à la fois. Comment réussir à mélanger une série sur des motards hors-la-loi et un monde chevaleresque où les hommes cohabitent avec des dragons… Curieux comme je suis, je le prends quand même et je le regarde le jour même. Le long métrage se termine et là l’évidence me saute aux yeux. Les personnes du service marketing se sont bien moqués de moi avec une publicité quelque peu mensongère…

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Le choix du titre n’est pas anodin, puisque l’histoire tourne autour d’un club de motard. Il a donc fallu surfer sur la vague de la série créée par Kurt Sutter, à savoir les Sons Of Anarchy. Alors que l’on s’attend à une bataille rangée entre un club de motard et la police ou encore à une guerre pour prendre la place du chef, Cymbeline nous prend à revers.
Je ne comprends absolument pas pourquoi ces personnes n’ont pas gardé le titre original, à savoir Cymbeline. De plus, il n’est quasiment jamais question de moto ou même d’un semblant de gang, puisque si l’on voit trois motos durant le film c’est déjà un exploit. Je me suis donc demandé si ces personnes avaient vu le même film que moi…
Pour ce qui est du reporter, il y a du vrai dans son commentaire. Il y a bien un mélange des deux séries à succès, mais seulement parce que Cymbeline est une adaptation moderne de la pièce de théâtre de William Shakespeare datant de 1609… Pourquoi ne pas l’évoquer sur l’affiche du film ? Pourquoi le cacher ? Décidément, je ne comprendrais jamais ce système prêt à tout pour vendre, quitte à surfer sur des succès commerciaux.

Une adaptation sans réellement de saveur

Qu’on se le dise, l’idée d’adapter une oeuvre de William Shakespeare à notre époque n’est pas nouvelle. Difficile de ne pas évoquer la réussite qu’est Roméo + Juliette de Baz Luhrmann, dont le film offre un spectacle d’une grandeur baroque, d’un casting de qualité et d’une mise en scène parfaite. Pour ce qui est des influences, la série Sons Of Anarchy de Kurt Sutter n’est pas en reste, puisque le réalisateur décide de transposer la trame scénaristique de Hamlet chez les motards.
Ici, Michael Almereyda décide d’adapter une pièce peu connue du dramaturge anglais. Cymbeline est en quelque sorte le pot pourri de tout ce que William Shakespeare a pu faire dans sa carrière. On y retrouve alors le thème de la trahison, des quiproquos, des faux semblants, des enfants cachés, d’un amour interdit ou encore des fausses morts. Le réalisateur va donc transposer tout cela dans un univers moderne, celui de la criminalité et de la corruption dans les forces de l’ordre.

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Cymbeline est déstabilisant dans ses premiers instants, puisque le réalisateur et les scénaristes ont fait le choix de reprendre mots pour mots les lignes de dialogue de la pièce originale. On doit donc se faire à l’idée que les dialogues, parfois désuet, doivent coller à une ambiance moderne. Cependant, il est bon de constater que ce choix n’est pas toujours gagnant et ne colle pas forcément à notre modernité, notamment l’acte où notre héros met l’amour de sa petite amie en jeu. Il est difficile de croire qu’une personne puisse encore faire cela aujourd’hui… Il est tout de même intéressant de voir que les péripéties restent intemporelles. De plus, le tout est porté par un casting parfaitement équilibré, mais surtout talentueux. On retrouve ainsi Ed Harris (Apollo 13, Mother!, A history of Violence), Dakota Johnson (Cinquante nuances de Grey), Milla Jovovich (Resident EvilLe cinquième éléments), mais aussi Ethan Hawke (Training Day, Sinister). Tout le casting livre une prestation de grande qualité et nous arrivons à ressentir toutes les émotions véhiculées par la trame narrative, notamment avec le personnage que joue Dakota Johnson.

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Bien que l’histoire et les rouages soient prévisibles, du moins si vous connaissez quelques pièces du dramaturge. On finit toujours par se demander comment le réalisateur va faire pour transposer ses idées à l’écran. Je pense que Michael Almereyda le fait parfaitement bien et joue avec les transitions pour apporter du rythme à cette histoire. Cependant, l’histoire de fond, celle du gang de motard contre les forces de l’ordre, n’est qu’un prétexte pour dérouler ce drame familial.
La mise en scène semble parfois statique, voire pas du tout inspirée, mais j’ai trouvé l’ensemble cohérent. Le réalisateur joue avec ses cadres comme s’il était devant une pièce de théâtre, les scènes s’enchaînent comme si nous avions un nouveau décor devant les yeux. Certes, le tout manque d’audace, de fougue et de folie baroque comme on avait pu le voir dans Roméo + Juliette, mais le réalisateur joue avec les profondeurs, les petits détails et la symétrie de certains lieux pour asseoir l’effet de puissance de certains personnages. Tout ce travaille sur la mise en scène donne, malheureusement, une oeuvre assez fade.

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Ma tentative pour redonner ses lettres de noblesses à Cymbeline est terminé. J’espère que vous aurez saisis mon propos et que celui-ci vous aura donné envie de laisser une petite chance à ce film qui le mérite amplement. Bien évidemment, Cymbeline n’offre pas une oeuvre aussi parfaite que Roméo + Juliette de Baz Luhrmann, mais le principe est louable. C’est avant tout par son casting 5 étoiles que le film vaut la chandelle.

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