Bonjour à tous,
Je vous retrouve aujourd’hui pour parler du long-métrage Hostiles de Scott Cooper sorti en 2017 dans nos salles obscures et disponible depuis au format physique.
Comme je vous l’ai dit il y a quelques jours, le Western est un genre qui a « bercé » mon enfance. Ce genre est donc un genre qui m’intéresse et m’a toujours fasciné, notamment vis-à-vis de la construction du mythe américain et l’utilisation des grands espaces comme décor.
J’attendais Hostiles avec grande impatience, malgré la présence de Christian Bale… Le film a-t-il atteint mes espérances ? Je vous dis tout quelques lignes plus bas.

Synopsis :
En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
Retour sur le massacre des natifs
Hostiles de Scott Cooper s’ouvre sur un plan magnifique où l’on distingue une ferme isolée. Le réalisateur décide de nous faire entrer dans son histoire et de nous faire comprendre les enjeux psychologiques et les thématiques qui vont être évoqués par la suite dès ce plan. Deux séquences magistrales vont s’offrir à nos yeux et nous allons pouvoir distinguer la violence existante, celle qui ronge les Hommes. D’un côté, nous avons les Comanches qui haïssent les colons venu prendre leurs terres et de l’autre, nous avons l’armée américaine qui a massacré et qui massacre toujours une bonne partie de la population amérindienne, les natifs. Cette armée américaine est représentée par Christian Bale jouant un officier proche de la retraite, dont plusieurs de ses hommes ont été sauvagement massacré par les natifs.
Scott Cooper impressionne donc d’emblée avec une entrée en la matière assez violente et avare en dialogues.

Même si les premières séquences sont assez fortes en terme de violence, il ne faut pas vous attendre à un western violent et qui déborde d’action, car vous allez être déçu. Hostiles est une fable dramatique, revenant sur les questions du deuil, de la haine envers autrui, la rédemption et j’en passe.
Nous allons suivre une troupe d’hommes et de femmes contraint d’aller d’un point A à un point B ensemble et de traverser de nombreuses difficultés. Hostiles est un magnifique voyage dans les psychés humaines, un long chemin menant à la remise en question et à la rédemption. Je n’ai rarement vu un western où les hommes étaient autant à fleur de peau et non montré comme des personnages viriles. Les hommes remettent en question leurs actes et les ordres qu’ils ont suivi.
Hostiles contient tout de même quelques scènes violentes, mais qui sont parfaitement disséminés tout au long du film. De plus, Scott Cooper utilise également une violence physique qui n’est pas montré à l’écran, celle-ci est suggéré et c’est déjà bien assez. Par contre, compte tenu des thèmes abordés, la violence psychologique et verbale est bien présente. Cette violence est parfaitement illustrée avec le choix des cadres et l’utilisation du champ / contre-champ.
Le cinéaste revient sur la question du génocide des natifs, des amérindiens donc, même si celui-ci est très controversé encore aujourd’hui. Tout au long du film, le réalisateur nous questionne sur ce passé américain et sur ce qui a construit ce pays. Le mythe de l’homme qui se forge et qui devient homme par la violence et le meurtre, sera remis en question par ce voyage rédempteur.

Christian Bale a réussi à me faire ressentir quelque chose, moi qui ne suis pas fan de l’acteur. C’est, sans aucun doute, l’un de ses meilleurs rôles. Il campe un officier proche de la retraite qui voue une haine infinie pour les peaux rouges. La mise en scène le met en avant et transcende son image, ainsi que son personnage. Certains plans évoquent clairement son état d’âme et son évolution, qui pourra sembler prévisible, mais elle n’en reste pas moins belle et touchante.
Rosamund Pike appuie, une nouvelle fois, le fait qu’elle est une actrice de talent. Elle y incarne une femme forte, qui n’est jamais idéalisé et sexualisé. Tout comme le personnage de Bale, c’est une femme en peine, une femme brisée, ne rêvant que de se venger des Comanches. Elle incarne toute la bonté du groupe et se révélera au fil de cette fable humaniste. Ce personnage m’a impressionné durant la totalité du long métrage et ce qu’elle fait suite à une phrase misogyne m’a énormément fait plaisir.

Hostiles aurait mérité une heure de plus, afin de développer comme il fallait la multitude personnages secondaires, car le tout pourra sembler être survolé, notamment en terme de psychologie des personnages. Le passé de chacun est souvent évoqué, mais sans vraiment en dire plus. Cependant, cela ne m’a pas dérangé, car l’évolution se fait progressivement jusqu’à une certaine scène de pluie, que j’ai trouvé magnifique.
Il faut également souligner le fait que Scott Cooper a mis en avant les amérindiens et leur culture, notamment en faisant le choix d’utiliser un dialecte ancien. Nous ressentons alors tout le respect que le réalisateur a pour les natifs et il souhaite leur donner une nouvelle place, leur véritable place dans cette Histoire américaine.

Cette superbe fresque humaniste ne serait rien sans cette photographie et cette ambiance sublime, mise en place par le chef opérateur Masanobu Takayabagi. Hostiles nous fait voyager dans plusieurs contrées et nous offre des paysages particulièrement magnifiques. Mon œil d’ancien étudiant en Histoire de l’Art n’a pu s’empêcher d’y voir des tableaux du XIX et XXe représentant des paysages nord-américains. Il y a une utilisation de la lumière qui embellit ou qui durcit la scène, mais qui évoque surtout l’évolution psychologique de cette caravane dans cette nature qui les écrase. Comme je le disais précédemment, les cadres sont choisis avec minutie et nous permettent de comprendre tout le drame qui se joue devant nos yeux.
Cette parfaite reconstitution de l’époque est également appuyée par des thèmes musicaux parfaits. Max Richter ajoute à cette fresque une ambiance, à la fois mélancolique et épique. L’émotion est omniprésente et les thèmes évoluent en même temps que ses personnages.
Hostiles se termine avec deux séquences magistrales, qui ne vous laissera pas indifférents. Vous l’aurez compris, Scott Cooper signe ici un grand film, un grand western poignant et introspectif…
Le film n’est que perfection à mes yeux, je n’ai donc pas été le plus objectif, mais je vous invite tout de même à aller voir ce petit bijou au cinéma.
Catégories :Cinéma, Coup de coeur, Drame