L’hiver arrive, le froid prend place dans notre quotidien, on scrute l’arrivée des premières neiges et on espère pouvoir lire un bon roman bien au chaud. Sans retour de Tom Clearlake aux Éditions Moonlight est LE roman à emporter avec vous si vous partez quelques jours dans un chalet. Ne soyez pas juste claustrophobe et n’ouvrez pas aux inconnus. On ne sait jamais…
La 4eme de couverture
Lors d’un séjour à la montagne, John Gardner, dirigeant d’un groupe de sociétés, et sa famille, reçoivent amis et associés dans un lodge luxueux, au cœur des Rocheuses. Au deuxième jour, une tempête de neige se lève. Les routes sont bloquées. Les réseaux hors-service. Ils se retrouvent coupés du monde.
Quand le blizzard cesse, dix-huit jours ont passé. Les occupants du lodge sont secourus et placés en observation. Cinq d’entre eux sont portés disparus.
Les survivants sont extrêmement amaigris.
Et en état de choc.
Ils ne parleront pas. Ils garderont le secret.
Le plus atroce des secrets.
Sans retour : entre survie et folie
Qu’est-ce que c’est bon de démarrer un roman qui vous plonge directement dans son atmosphère. Ici, Tom Clearlake nous place dans une petite ville au cœur des Rocheuses qui vit une tempête de neige sans précédent. Le ton est donné et il est impossible de ne pas ressentir ce froid glaçant qui s’attaque à nos entrailles et à cette sensation d’être pris au piège dans cette nature hostile. La suite ne fera que confirmer nos sensations, surtout lorsque l’on se rend compte que tout un groupe est pris au piège dans une maison en pleine montagne. Les secours tardent à sortir tout le monde de là, puisque la tempête ne semble pas vouloir se calmer. Lorsque le jour J arrive, les victimes semblent perdues, éteintes et un policier sent que quelque chose ne va pas.
Sans retour joue alors sur nos attentes, sur notre capacité à faire fonctionner nos méninges pour tenter de deviner ce qui a pu se dérouler dans cette grande maison et pourquoi les survivants gardent le silence sur cet épisode. Le traumatisme est bien présent et notre curiosité est piquée. Autant dire que Tom Clearlake sait comment répondre à nos attentes. Celui-ci nous donne ainsi la possibilité de découvrir tout ce qu’il sait passé durant ces quelques jours dans le chalet. C’est là que toute la force de ce récit explose sous nos yeux, puisque le romancier effectue un travail d’orfèvre en termes de psychologie humaine. Le roman se transforme ainsi en un huis clos angoissant ou la sensation de stress et de tension va finir par exploser entre les différents convives. Le groupe se disloque et les esprits les plus faibles craquent en premier, si bien que l’atmosphère dégénère assez rapidement.

Tom Clearlake nous offre la possibilité d’observer à la loupe une micro-société avec Sans retour. Le groupe va alors mettre en place des règles pour que tout se passe sans accro. Tout paraît simple sur le papier, mais le bruit incessant de la tempête vrille les consciences. Les tensions montent et les premiers drames arrivent, mais nous ne sommes clairement pas au bout de nos surprises avec ce roman. En effet, l’auteur s’amuse à insérer un élément perturbateur qui va plonger cette histoire dans un survival horrifique assez inattendu. Tom Clearlake ne lésine pas sur les détails, ainsi que sur les situations extrêmes. Nos sens sont en alerte, notre niveau de tension grimpe et le romancier fait en sorte, avec son écriture, de nous faire ressentir chaque sensation et nous faire entendre chaque bruit. Le huis clos devient de plus en plus horrible et on ne rêve que de sortir de ce chalet. Je n’en dirais pas plus pour que vous puissiez avoir la surprise, mais sachez qu’il faut avoir le cœur bien accroché.
Mais il est tout de même intéressant de noter que toute cette violence n’est pas forcément gratuite. Celle-ci nous interpelle, nous pousse à réfléchir et à nous demander ce que nous aurions fait dans une telle situation. Comment l’Homme peut réagir dans une situation aussi extrême ? Est-ce que tous les survivants sont à blâmer ? Quand l’instinct de survie est plus fort que la raison, il est difficile de contrer nos actions…
Si je dois émettre une petite réserve quant à mon appréciation de ce roman, celle-ci se trouve dans le dernier acte. J’ai eu cette impression que c’était moins intéressant, moins subtil dans la psychologie des personnages et que ça en faisait un peu trop. Si je n’ai pas foncièrement aimé cette conclusion, cela vient peut-être du fait que j’en attendais autre chose.
En bref, Sans retour de Tom Clearlake est un roman anxiogène sur la folie humaine
Vous l’aurez compris, malgré mon scepticisme quant à la conclusion, Sans retour de Tom Clearlake a tout de même été une bonne lecture. J’ai beaucoup aimé suivre cette descente en enfer de tout un groupe, découvrir cette micro-société et comment l’enfermement peut transformer une personne. Si vous êtes fan des huis clos et que vous n’avez pas froid aux yeux, alors vous pouvez vous laisser tenter par ce roman.