Le tueur de l’ombre de Claire Favan : en faire plus

Il est toujours difficile pour un auteur ou une autrice de revenir avec la suite d’un roman qui avait fait sensation auprès des lecteurs. J’imagine la crainte que l’on doit ressentir tout au long du processus d’écriture et que celle-ci se voit décupler une fois que le texte ne nous appartient plus vraiment. Est-ce que la suite est à la hauteur du précédent ? Est-ce qu’on n’en fait pas un peu trop ? Comment réussir à choquer le lecteur ? À l’embarquer dans une nouvelle aventure ? J’ai essayé de ne pas penser à tout cela quand j’ai enchaîné ma lecture du roman Le tueur intime avec sa suite, Le tueur de l’ombre de Claire Favan, qui met fin à ce diptyque incroyable du thriller français. 

La 4eme de couverture

Will Edwards, tueur en série de la pire espèce, parvient à s’évader grâce à un mystérieux complice.

RJ Scanlon, profiler et chef d’une équipe d’enquêteurs du FBI qui l’avait lui-même mis sous les barreaux, part à nouveau sur les traces de son ennemi le plus intime. Intime au point que cette évasion perturbe le couple que l’enquêteur forme désormais avec Samantha, qui n’est rien moins que… l’ex-épouse du criminel qu’elle a livré à la police. Nul doute que Will Edwards veut sa vengeance.

Inexplicablement, l’assassin reste inactif et les mois s’écoulent. RJ Scanlon est dans l’impasse. Mais, lorsque les meurtres reprennent, plus cruels que jamais, Edwards frappe au plus juste avec une telle évidence que le doute s’installe. De subtiles variations dans la signature du dément sont perceptibles. Ont-ils affaire à un imitateur? Non, bien pire…

Le tueur de l’ombre : en faire plus

Comme toute bonne série, film ou roman, une suite doit avoir un réel intérêt pour que le lecteur s’y intéresse. C’est le cas ici, puisque Claire Favan nous avait offert un premier récit de haute volée pouvant taquiner les auteurs américains avec une facilité déconcertante. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le lectorat se jette sur cette nouvelle histoire qui entre dans la continuité directe du roman Le tueur intime. Vous aurez donc compris par là, qu’il faut avoir absolument lu le précédent roman pour comprendre et savourer pleinement Le tueur de l’ombre. On reprend donc les mêmes ingrédients, les mêmes personnages et cette noirceur qui nous suit depuis les toutes premières pages. 

La romancière n’a rien perdu de sa superbe dans cette suite, puisqu’elle maîtrise sa narration comme personne. Le rythme est toujours aussi intense quand il faut et elle réussit à ralentir l’intrigue quand il est question de développer certains de ses personnages. Autant vous dire que cet aspect pourra en déplaire à plus d’un, mais si vous avez aimé la relation des deux personnages principaux, alors Le tueur de l’ombre vous plaira tout autant. Bien évidemment, Claire Favan en fait un peu plus dans ce roman. On a cette impression que la romancière veut nous surprendre avec une intrigue qui pourrait ne pas tenir la route, mais qui fonctionne à la perfection.
Le roman s’articule comme le précédent, si bien que le lecteur a une petite longueur d’avance sur certains éléments. L’autrice nous plonge dans le quotidien de Will après son évasion et elle essaie de nous faire entrer dans sa psyché pour y déceler ses prochains coups. Sans entrer dans les détails pour ne rien vous dévoiler, Le tueur de l’ombre nous offre la possibilité de suivre de nouveaux meurtres, de nouveaux Modus Operandi mettant à mal l’analyse du FBI, mais surtout un tueur en série en mauvaise posture. 

Le tueur de l’ombre : la psychologie sur le devant de la scène

Si Le tueur de l’ombre n’a pas à rougir du précédent roman en termes de noirceur, de violence et de scènes marquantes, on peut tout de même noter que Claire Favan réduit fortement le rythme à certains moments de son intrigue. Cette volonté est simple, la romancière souhaite nous offrir des personnages plus profonds, plus complexes et plus en danger qu’il n’y paraît. Celle-ci évoque avec justesse et force de nombreuses thématiques qui pourront vous séduire et vous donner cette impression d’être en train de lire un deuxième très grand thriller. 

Ici, le tueur devient gibier, la victime oscille entre une rage intense et une peur viscérale. Claire Favan nous parle du stress post-traumatique de son héros qui lui fait prendre des décisions souvent mauvaises et surtout qui l’enferme dans une spirale infernale de non-dit et de fuite. La peur est comme une seconde peau pour cet homme, elle coule dans ses veines, l’empêche d’y voir assez clair dans cette chasse à l’homme. À contrario, la deuxième victime aimerait exploser, regrette certains choix, mais fait face à la vindicte de la population qui la traite en pestiférée. Le tueur de l’ombre évoque avec intelligence le traitement par-dessus la jambe de certains médias, cherchant avant tout à faire de l’audimat et du sensationnalisme. Au détriment, bien évidemment, de la vérité et de la santé de la personne incriminée.
C’est aussi la sensation d’impuissance qui est au centre de tout. Elle gouverne chacun des personnages que l’on connaît, elle les paralyse. Claire Favan nous immerge dans chacune des réflexions, dans ces envies d’aller de l’avant, de briser les chaînes de cette peur, de cette inaction et on en vient à avoir, parfois de l’empathie, pour des monstres qui n’en méritent pas…


Vous l’aurez compris, Claire Favan nous offre, encore une fois, un roman de très grande qualité avec Le tueur de l’ombre. Celle-ci n’entre pas dans la facilité en nous donnant une simple suite. Elle nous pousse dans la tête de chacun des protagonistes pour nous sentir impuissant face à la noirceur qui envahit chacune des pages. La tension est toujours aussi maîtrisée et ce n’est pas le dernier quart du roman qui vous fera dire le contraire. Si je n’ai qu’une chose à ajouter, c’est de lire les deux romans à la suite pour que vous puissiez vous plonger corps et âme dans ce diptyque incroyable. 

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    waouh 🤩. J’ai terminé le premier tome dimanche soir, je reprends mon souffle, et j’attaque le second. ( en relecture également) Merci à toi pour la chronique 🙏 😘

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