
On ne peut pas dire que The Hunt a bénéficié de toutes ses chances durant sa production et son exploitation. En effet, le long-métrage de Craig Zobel devait débarquer dans les salles obscures en septembre 2019, mais différentes fusillades ont éclaté sur le sol américain et Donald Trump n’avait pas particulièrement apprécié son sujet, voulant ainsi l’interdire. « Le Hollywood gauchiste est raciste au plus haut point, et avec une grande colère et de la haine ! » Tweet-il à l’époque. Difficile donc de mettre en avant un film où des riches chassent des gens pour le plaisir dans un tel contexte. Qu’à cela ne tienne, The Hunt arrivera en salle pour le début de l’année 2020. Manque de bol, la COVID-19 fait son entrée et tue presque le projet. Le studio Universal fera alors le choix de sortir le long-métrage en VOD aux États-Unis et au cinéma en France pour fêter la réouverture des salles.
Synopsis :
Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble pour la première fois dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains. Mais leurs sombres desseins vont être mis en péril par Crystal, une de leurs proies, capable de les battre à leur propre jeu. La jeune femme renverse les règles, et abat un par un les chasseurs qui la séparent de la mystérieuse femme qui tire les ficelles de ce passe-temps macabre.
Des films sur des chasses à l’homme, il y en a eu avec entre autres Les chasses du Comte Zaroff, La proie nue, Les Traqués de l’an 2000, Running Man, Battle Royale, Hunger Games ou encore The Hunters. Mais The Hunt a quelque chose de différent en lui, il a une saveur particulière, notamment dans l’époque où nous nous trouvons actuellement. Craig Zobel se joue de cette chasse à l’homme pour raconter sa vision d’un monde devenu ridicule par la force des choses, avec cruauté et un humour noir toujours délectable. The Hunt ne s’attaque qu’à une seule chose en se jouant des codes de l’horreur et du survival : la bêtise humaine, le méprit de classe et le tout dans une mise en scène qui vaut le détour.
Cet humour noir se ressent dès les vingt premières minutes du long-métrage, puisque le réalisateur fait le choix de déstabiliser le spectateur. En effet, il sera difficile de s’attacher ou de s’identifier à qui que ce soit, tant The Hunt démarre sur les chapeaux de roues. Le sang va couler à coup de fusil d’assaut, de pièges et de grenades dans un véritable cirque absurde et pervers. Les premiers instants disposent d’un rythme électrique, parfois trop intense, mais ils ont le mérite de nous plonger dans le bain sans passer par le petit mouillage de nuque. Qu’on se le dise, Craig Zobel est un véritable sale gosse qui prend plaisir à voir souffrir ses quelques personnages.
Si The Hunt surprend son spectateur, c’est avant tout par ce choix de renverser les codes en ayant un discours extrême sur le monde qui nous entoure. Oubliez le vieux redneck qui s’en prend à des jeunes adolescents qui découvrent les joies de l’insouciance, puisque le réalisateur prend le parti d’inverser les rôles. Ici, ce sont les démocrates se situant au sommet de la pyramide capitaliste qui vont s’en prendre aux personnes qui représentent tout ce qui va mal dans le pays (complotistes, redneck, braconniers, homophobes, etc.)
Ici, la bien-pensance se retrouve de l’autre côté et se transforme ainsi en un véritable monstre qui doit descendre dans l’arène pour se battre. Cependant, The Hunt ne cherche même pas à établir de camp, puisque le film s’évertue à nous prouver que la bêtise, le méprit, l’arrogance, la colère, la haine et l’hypocrisie se retrouvent des deux côtés de la barrière. Que l’on soit démocrate ou républicain, homme ou femme, racisé ou non, jeune ou vieux, riche ou pauvre, Craig Zobel s’occupe de tout le monde avec ironie et générosité, et ce jusqu’aux derniers instants où un personnage s’étonne qu’un autre ait pu lire La ferme des animaux…
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