[CRITIQUE] : The Bay de Barry Levinson (2012)

En 1998, Barry Levinson, alors oscar du meilleur réalisateur pour Rain Man, s’essaye pour la première fois au cinéma de genre en adaptant Sphère, le roman de Michael Crichton en emportant avec lui un trio d’acteur très connu (Dustin Hoffman, Sharon Stone et Samuel L. Jackson). Très sous-estimé, ce long-métrage d’un budget de 80 millions de dollars marquera le premier stade de la chute du réalisateur, connaissant par la suite de multiples échecs critiques et d’échecs en salles. C’est en 2012 que le réalisateur, alors âgé de 71 ans à l’époque, revient avec une nouvelle tentative avec The Bay, un pur produit horrifique jouant la carte du found footage entre Les dents de la mer et Alien. Autant vous le dire tout de suite, celui-ci frappe un grand coup dans un style qui avait perdu de sa superbe. 

SYNOPSIS :
Chesapeake Bay est une jolie petite ville en bord de mer célèbre pour sa baie magnifique. 4 Juillet, les festivités traditionnelles du coin démarrent. Une femme tombée visiblement très malade perturbe un peu la jovialité du centre-ville. D’autant que sa maladie est contagieuse et se répand…

Le cinéma de genre a toujours vu de grands réalisateurs s’y essayer avant de connaître un certain succès, on pourrait d’ailleurs aisément évoquer la carrière de Sam Raimi, Peter Jackson, Stuart Gordon, James Gunn, James Cameron ou encore celle de Steven Spielberg. Cependant, il est assez rare de faire le chemin inverse, mais Barry Levinson l’a fait et de fort belle manière qui plus est. Avec The Bay, le cinéaste se lance dans un found footage à petit budget (deux millions de dollars), sans stars ou acteurs confirmés et surtout avec un temps de tournage qui n’est pas sans rappeler quelques classiques du genre. Avec seulement 18 jours dans les jambes et donc une équipe très réduite, le film entre directement dans la catégorie d’un Projet Blair Witch

La première chose que l’on peut ressentir en voyant poindre The Bay, c’est la crainte d’avoir un énième found footage à la Paranormal Activity ou à la chronique de Tchernobyl jouant avec maladresse sur les jumpscares pour créer une fausse peur au spectateur. Cependant, le nom de Barry Levinson a de quoi mettre la puce à l’oreille et il est indéniable que le cinéaste sait comment s’y prendre pour nous offrir un film percutant à plus d’un titre. Celui-ci ne cherche pas à aller dans la surenchère horrifique ni dans un concept compliqué, mais bien d’amener son savoir-faire dans ce projet. L’histoire est toute simple : comment la petite ville de Chesapeake Bay plonge dans un cauchemar le jour de la fête de l’indépendance…
Tourné sur le mode du “documenteur”, The Bay revient sur les événements tragiques qui ont eu lieu dans cette petite station balnéaire grâce au témoignage d’une jeune journaliste qui était sur les lieux. Barry Levinson joue alors avec un collage d’images de forme assez classique, issus de plusieurs archives filmées sur le moment par les protagonistes présents à ce moment précis (téléphone portable, caméra amateur, vidéo-surveillance, journaliste) pour nous immerger dans un véritable cauchemar. 

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The Bay est alors bien plus qu’un film d’horreur à petit budget, mais bien un véritable film catastrophe qui met en garde sur les ravages des industries sur l’environnement. Le cinéaste ne joue pas la carte du fantastique pour nous impressionner, mais bien sur cette impression de réalité qui pourrait nous exploser à la figure un jour ou l’autre. Barry Levinson transcende le format du found footage et nous offre une véritable leçon d’horreur en jouant sur les maux de notre société, plus enclin à faire du profit qu’à faire attention au bien-être et à la santé de ses concitoyens.
Grâce à ce discours, le cinéaste donne du corps à son long-métrage, sans pour autant entrer dans un cinéma radical qui oublierait de nous divertir. The Bay réussit alors à se tirer vers le haut et donc à se démarquer des autres produits dont on est abreuvé depuis quelques années déjà. Il faut dire que le cinéaste fait tout pour nous offrir un film condensé, histoire de ne pas faire entrer l’ennui. Avec une durée d’1h24, Barry Levinson va à l’essentiel et nous plonge rapidement dans le chaos le plus total. Le long-métrage s’agite, fait entrer la tension dans une atmosphère glaçante et tout devient propice à l’inquiétude. On voit ce qu’il se passe, on sait ce qu’il va arriver… On sent que le réalisateur joue avec cette sensation, tel Spielberg avec Les dents de la mer, pour que l’on commence à avoir peur de l’eau et de ce qui se trouve à l’intérieur. 

Ce qu’il y a de remarquable dans cette proposition de Levinson, c’est cette envie de se débarrasser de tout effet dramaturgique lié aux personnages. Avec The Bay, il n’y a aucun personnage principal, aucun héros, aucun effet larmoyant pour nous accrocher ou encore d’histoire d’amour qui pointe le bout de son nez. Le réalisateur se concentre sur ce cauchemar qu’il met en scène, sur son message qu’il tente de faire passer et sur sa critique des agences gouvernementales qui ne communiquent pas entre eux et qui semblent cacher de nombreuses choses aux citoyens. Alors, oui, le message peut paraître lourd ou un brun conspirationniste, mais il est indéniable que celui-ci t’agrippe pour ne plus te relâcher.  Barry Levinson joue la carte de sobriété, mais sans froideur, pour nous faire vivre une journée que nous ne sommes pas prêts d’oublier.


Pour vous procurer The Bay au format physique, c’est par ici.


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