Sensor de Junji Ito : horreur cosmique

Prépublié à partir de 2018 dans le magazine Nemuki+, Sensor arrive chez nous en 2021 via Mangetsu (la branche mange des Éditions Bragelonne), 2eme parution au sein de la collection Junji Ito de l’éditeur.

La 4eme de couverture

La belle Kyôko Byakuya se promène seule au pied du mont Sengoku, parmi des tourbillons de mystérieux filaments volcaniques aux reflets d’or. Au détour d’un chemin, elle tombe nez à nez avec un homme aux propos décousus qui semble l’attendre pour l’inviter dans son village. Ses habitants y vouent un étrange culte au dieu Amagami et son missionnaire persécuté sous l’ère Edo. Cette nuit-là, lorsque Kyoko lève les yeux vers le ciel avec les autres villageois, une nuée de fibres d’or envahit le firmament.

Ce n’est que le premier incident d’une série terrifiante qui s’apprête à bouleverser la réalité telle qu’on la connaît ! Le monde tombera-t-il sous le joug de la mystérieuse Kyôko ?

Horreur cosmique

Sensor débute de manière assez classique avec le personnage de Kyoko Byakuya qui se balade au pied du mont Sengoku. Tout comme le personnage, nous ne savons pas pourquoi elle se trouve ici et pourquoi on se sent guidé par une force invisible à continuer notre route. La première incursion dans le mystère est assez rapide et autant dire que Junji Ito nous prépare de nombreuses surprises pour la suite. Ce premier fait étrange continue lorsqu’une personne croise la route de Kyoko et que celui-ci semble la connaître. Ni une ni deux, on se retrouve à le suivre jusqu’à un village reculé où les habitants reçoivent des filaments volcaniques rappelant des cheveux d’or et qui, selon eux, permettrait d’entrer en connexion avec le martyr Miguele grâce à la divinité Amagami. Une drôle de rencontre, une forme noire et nous retrouvons le personnage de Kyoko soixante ans plus tard sortant d’un cocon…

Qu’on se le dise, Junji Ito réussit à nous immerger dans un récit complètement fou où tout semble inattendu, si bien que l’on suit cette intrigue avec grand intérêt. De plus, nous allons suivre par la suite le personnage de Wataru Tsuchiyado, un journaliste un peu paumé, qui se retrouve embarqué dans cette sombre histoire bien malgré lui. Celui-ci finira par être envoûté par le récit de cette jeune femme qui a fini par disparaître dans la nature. Sauf que le journaliste ne semble pas être le seul à être sur sa piste, puisqu’une secte tente de mettre la main sur cette jeune femme.

H.P. Lovecraft n’est pas loin

Les chapitres se suivent sans pour autant se ressembler et sans pour autant donner cette impression d’aller dans la même direction. Sensor semble alors nous plonger petit à petit dans une espèce de cauchemar sans fin qui ne cesse de se complexifier au fil des pages. D’un culte autour d’une divinité, Junji Ito va nous parler d’une secte cosmique, de la folie des hommes jusqu’à nous entraîner jusqu’aux confins de l’univers, mais aussi vers la légende urbaine et d’une falaise au suicide avec de drôles d’insectes. Chaque avancée est une façon pour le mangaka de nous plonger vers sa vision du cauchemar. Chaque chapitre monte d’un cran dans l’horreur et dans son aspect graphique. Qu’on se le dise, Sensor n’est peut-être pas aussi poussé que d’autres titres du mangaka, mais son inspiration de l’oeuvre d’H.P. Lovecraft fait son petit effet tout au long de cette lecture. 

En effet, on retrouve cette envie d’explorer de nombreuses thématiques propres au savoir que l’on voudrait acquérir pour comprendre tout l’univers qui nous entoure. La folie guette chacun des personnages qui gravitent autour cette affaire cosmique. Sensor de Junji Ito joue la marque du manga qui met mal à l’aise et autant dire que le travail est réussi. Chaque situation nous met dans une drôle de posture, les sensations sont multiples et ce n’est pas le dessin du mangaka qui nous mettra plus à l’aise. L’ambiance est lourde et l’horreur arrive à coup de pleine page ou de gros plans sur des personnages défigurés, inquiétants ou encore sur des insectes prêts à nous offrir les pires cauchemars. Sensor fascine autant qu’il rebute avec l’utilisation plus qu’intelligente de ce body horror qui a tant à dire. 

En bref, Sensor est parfait pour découvrir l’horreur de Junji Ito

En jouant la carte du mystère, du dégoût et de l’hommage à H.P. Lovecraft, Junji Ito délivre un titre horrifique qui nous perd dans un cauchemar qui nous dépasse. Si les habitués seront en terrain connu, les autres pourront découvrir le mangaka avec ce titre qui rebute autant qu’il fascine, avant de découvrir des titres tels que Tomie ou encore Spirale. Une réussite en tout point !


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