Bonjour à toutes et à tous,
On se retrouve aujourd’hui pour un troisième numéro de Séance Culte et j’ai le plaisir de revenir sur un long métrage qui a marqué mon enfance/adolescence et qui m’a surtout fait aimer le personnage du justicier de Gotham City. Pour ne rien gâcher, je trouve que ce film se marie très bien avec l’ambiance automnale, gothique que l’on attend à Halloween.
Bon, je sais que le travail de Tim Burton ne fait pas l’unanimité, mais j’avais très envie de revenir sur mon amour pour Batman, le défi ou Batman Returns en version originale.
– Un film noir, cruel, violent, mais surtout un film de monstres –
Avant de revenir sur le film en lui même, il est intéressant de parler de la genèse de cette suite. L’année 1989 est à marquer d’une pierre blanche pour le réalisateur, puisque c’est cette année-là, avec le premier Batman que Tim Burton affronte un aussi large public. Le premier épisode est un gros projet qui use un peu trop le réalisateur et qui l’a empêché d’être réellement créatif. C’est ainsi qu’entre temps, Tim Burton s’est attelé à réaliser SON chef d’oeuvre, Edward Scissorhands, et qu’il a pu s’orienter vers un conte gothique intimiste et dramatique.
L’idée de faire une suite du Batman entre directement dans la tête des producteurs, puisque celui-ci a fait un score monumental au box-office, mais Tim Burton ne veut pas y retourner… Il aura fallu attendre le départ de deux des anciens producteurs, pour que le réalisateur accepte de revenir pour nous offrir un conte sombre et cruel, caché derrière cette adaptation de Comics.
Je vous préviens tout de suite, mais cette rubrique risque de partir un peu dans tous les sens tant le film m’a marqué. Rassurez vous, je l’ai revu il y a quelques jours pour me remettre dans le bain, mais aussi pour avoir une nouvelle approche de ce film culte.
Batman, le défi ou Batman Returns peut être vu comme un reboot et non comme une suite directe, puisque Tim Burton utilise de nouveaux décors de Gotham, fait intervenir de nouveaux personnages et ne fait quasiment aucune allusion au premier épisode.
L’univers de Gotham semble toujours être inspiré du cinéma expressionniste allemand (Metropolis de Fritz Lang ou encore Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene) et ce pour notre plus grand bonheur. Je tiens à vous le dire tout de suite, mais pour moi, l’univers Batman doit ressembler à ça et à rien d’autres. Bien que j’aime énormément la trilogie de Christopher Nolan, je trouve qu’il manque quelque chose dans les décors, mais il se pourrait que je revienne sur cette trilogie un jour ou l’autre.
Contrairement au Batman de 1989, Batman Returns se déroule à la veille de Noël, dans la neige, le froid et surtout l’obscurité. Pour accentuer l’aspect gothique du long métrage, Tim Burton réalise un film presque entièrement nocturne, si bien qu’il ne comporte que très peu de scènes à la lumière du jour. Batman Returns a donc une esthétique vraiment unique dans le monde des films de super-héros, même s’il est difficile de le classer dans ce genre, tellement Tim Burton a pris tout le monde de court.
Peut-être faut-il voir cette utilisation de la nuit pour appuyer le fait que Tim Burton s’intéresse à l’animalité, à la marginalité ou encore à la folie. Les ténèbres seraient alors l’endroit où la frontière entre le Bien et le Mal disparaît à tout jamais, l’endroit où nos personnages pourront être vraiment libre.
Batman Returns se démarque véritablement notamment lors de la scène d’exposition ou encore celle du cimetière où Oswald Cobblepot déambule dans une espèce de clair-obscure bleu noir à l’aspect fantomatique. La lumière ou plutôt l’obscurité du film est alors à l’image de l’histoire en elle-même, c’est-à-dire sombre et torturé.
Tim Burton semble vouloir s’intéresser davantage à l’animalité, monstruosité de ses personnages, plutôt qu’au justicier en lui-même. Cela se sent avec l’affiche qui aligne nos trois personnages, Batman, Catwoman et le Pingouin, sur le même plan, afin de nous montrer l’ambiguïté qu’il peut y avoir entre les personnages. Tim Burton va alors s’enfoncer dans les bas fonds de Gotham, afin d’approfondir la vision humaine et tragique des monstres, des laissés pour compte, voulant se venger pour trouver leur dignité. La dualité entre l’humanité et l’animalité des personnages est à son paroxysme dans cette oeuvre et c’est ce qui en fait un film profondément intéressant.
Dès la première séquence, Tim Burton nous balance son univers gothique à la tronche, tout en prenant certains passages de la Bible comme référence. Le réalisateur introduit le personnage du Pingouin de façon magnifique, puisqu’il n’arrive réellement qu’au bout de vingt minutes de long métrage. Le réalisateur va alors jouer sur les jeux d’ombres, les objets, les vendeurs de journaux annonçant les fais du Pingouin, afin de faire monter la tension à son paroxysme. Tout éclate enfin quand le pingouin apparaît pour nous effrayer. C’est Danny Devito, maquillé par le talentueux Stan Winston, qui se cache sous les traits du Pingouin et c’est, sans aucun doute, le personnage de comics qui m’a fait le plus peur jusqu’à lors. C’est vraiment son maquillage qui m’a énormément marqué, notamment avec son teint blafard, son long nez crochu, ses dents pointues et surtout avec cette bave noirâtre et visqueuse lui sortant de sa bouche. Stan Winston a réellement crée un monstre fait pour le cinéma, mais surtout pour nous hanter.
Danny Devito est exceptionnel dans ce personnage digne d’un roman de Dickens, puisqu’il nous fait ressentir une multitude d’émotions contradictoires. Nous sommes à la fois effrayé par son apparence, son animalité, mais nous compatissons quant à sa quête identitaire. Dès lors, Tim Burton n’aura de cesse que de critiquer le monde politique, ainsi que le monde des apparences, car le Pingouin, qui est un être malade et abjecte, verra que la société essaiera de le changer à son image, afin de gommer son animalité.
Avant d’évoquer le personnage de Batman, je vais me pencher sur celui de Selina Kyle / Catwoman, car il représente, à mes yeux, le personnage central de l’histoire, celui auquel on peut réellement s’identifier.
Selina Kyle, interprété par Michelle Pfeiffer, est l’assistante de Max Shreck, homme d’affaire représentant le pur produit américain et interprété par Christopher Walken. Celle-ci se voit constamment mise à l’écart lors des réunions et passe pour la potiche de service. Selina Kyle représente parfaitement la femme dans une société patriarcale, puisqu’elle sera constamment filmée de façon à ce que l’on ait l’impression qu’elle soit de trop dans le cadre. Pour ne rien arranger, Selina semble avoir une vie assez triste, puisqu’elle est toujours seule, entourée de son chat et de ses peluches. Selina Kyle n’existe pas en tant que telle dans ce monde, elle est invisible. Mais tout cela va changer quand elle deviendra Catwoman, suite à une mort violente. Dès lors, Selina Kyle aura neuf vies, afin de se venger des hommes et de prendre son indépendance, tout en devenant la femme fatale par excellence. Elle verra son corps changer au fur et à mesure de ses résurrections et nous apportera une vision de la femme que Burton affectionne énormément. Catwoman / Selina Kyle est le personnage qui luttera le plus entre son animalité et son humanité, jusqu’au point où elle se sentira complètement perdu. Son esprit n’est alors que conflit entre ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue, Selina Kyle est LA représentation du mal-être, de la peur et surtout de la paranoïa.
Tout comme pour le premier film, Tim Burton continue à mettre de côté le personnage de Batman, si bien que l’on ne le voit pas énormément. Cependant, il est bon de constater que Bruce Wayne est également un personnage névrosé, attendant désespérément la venue d’un nouveau monstre pour enfiler son costume et être lui-même. Michael Keaton revient sous les traits du Batman et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il apporte encore des nuances à son personnage. Batman Returns marque le personnage à tout jamais, puisque c’est, au contact du Pingouin et de Catwoman, qu’il se rencontre de sa noirceur. Batman semble froid et déterminé à combattre le crime, si bien qu’il tue ses ennemis d’une violence sèche, à l’image du Dark Night de Franck Miller. Bruce Wayne prend conscience qu’il sera, à jamais, bloqué dans ce costume, entre le Bien et le Mal.
Toute cette dualité et cette noirceur repose aussi sur la musique de Batman Returns. Celle-ci est à l’opposé de ce que nous avions pu avoir dans le premier Batman avec la participation de Prince. Les thèmes ne se veulent plus sautillant, mais bien plus sombre et Danny Elfman revient avec des idées encore plus incroyables, puisqu’il rend le tout beaucoup plus inquiétant, grandiose et destructuré, afin de coller parfaitement à l’ambiance globale du long métrage.
Batman Returns se termine de façon incroyablement mélancolique et nous plongeons encore plus loin dans les ténèbres, si bien que cette fin me marque encore aujourd’hui. La violence et la folie sont à leur paroxysme, si bien que les personnages semblent être dominés par un état de transe. Il est difficile de se dire que la production a laissé un final de cette ampleur, notamment pour un film familial, tant elle est marquante, sombre et pessimiste…
Ce troisième numéro de La Séance Culte touche à sa fin et j’espère qu’il vous aura plu. N’hésitez pas à venir me donner votre avis sur le film dans les commentaires. En tout cas, j’espère que cette séance culte spéciale Halloween vous aura plu et que j’ai réussi à vous transmettre tout mon amour pour ce long métrage. Je sais que Tim Burton ne fait pas l’unanimité et je suis très bien placé pour le savoir, puisque pour moi, le réalisateur s’enfonce et ne produit plus rien d’incroyable depuis le début des années 2000. Tim Burton devient une caricature de lui-même et c’est assez décevant quand on y pense.
En tout cas, je vous donne rendez-vous le mois prochain pour vous parler du film ALIEN, le huitième passager de Ridley Scott.
Catégories :Cinéma, Super-Héros
Il faudrait que je le regarde à nouveaux. Mes souvenirs sont très flous, surtout concernant Catwoman alors que j’ai des flashback de scènes mythiques d’elle en solo, et avec Batman. Je me souviens par contre que le Pingouin était super loin de la série animée que j’affectionne, et qu’il me mettait mal à l’aise. Mais j’adore cette version du personnage par Tim Burton, je trouve qu’il l’a très bien écrit. Encore une fois c’est de mémoire. Le premier film avec le Joker je ne m’en souviens pas, et je le trouvais presque ennuyeux et risible. Mais encore une fois je me fie à ma mémoire. En tout cas j’ai les DVD et je devrai trouver le temps de les revoir. On va par contre oublier le Batman & Robin hein^^’
Sinon, très bon papier sur ce film, tu m’as encore plus envie de le revoir, et de me faire ma propre analyse.
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Si tu en as des souvenirs, c’est que le film a du te marquer, en bien ou en mal, mais c’est déjà ça. Pour moi, toutes les scènes sont magnifiques et traversées d’un symbolisme fascinant 🙂
Le premier est beaucoup moins qualitatif, mais c’est peut-être du au fait que Burton était bridé par les producteurs. Je le trouve aussi très inégale, même dans le développement de ses personnages. Le Joker est parfois glaçant, mais reste assez ridicule, surtout quand il danse dans le musée avec la BO de Prince… Par contre, les derniers plans sont incroyables !
J’espère que tu prendra plaisir à le revoir 🙂
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J’adore ce film 😍😍
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Je ne m’en souviens pas trop mais il me semble que mon frère l’a beaucoup regardé. Pour ma part je suis fan de la trilogie de Nolan (sauf le premier dont je n’ai pas eu un coup de coeur), ça sera cool de te lire sur le sujet. En tous cas en hiver j’ai toujours envie de me voir/revoir du Tim Burton
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J’adore la trilogie de Nolan et même le premier, car il met en place les bases du mythe qu’est Batman.
C’est vrai que la saison est propice pour redécouvrir la filmographie de Burton, mais je crois que l’on revoit les mêmes à chaque fois (du moins c’est mon cas :p)
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Oui moi je revois surtout Edward aux mains d’argent ^^
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Celui-ci et Beetlejuice de mon côté (et Mars Attack, selon mes envies 😋)
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Oh Beetlejuice j’adorais tout en ayant peur hahaha je crois qu’ils vont en refaire un ou une série d’ailleurs.
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