Bonjour à toutes et à tous,
Je reviens vers vous aujourd’hui pour une petite séance rattrapage. Il sera question de Mommy de Xavier Dolan, que j’avais envie de découvrir depuis quelques temps.
Avant de commencer, je tenais à vous dire que c’est mon tout premier Xavier Dolan. Je ne connais donc pas du tout son cinéma, ni ses thèmes et encore moins sa façon de filmer. Je sais seulement que le réalisateur est déjà reconnu dans le monde entier.
Alors, cette première découverte donne quoi ? Je vous dis tout dans cette chronique.
Synopsis
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
Le cadre au service de l’émotion
Il m’a fallu un petit temps d’adaptation face à la langue québécoise. Une langue qui allait trop vite par moment et dont les insultes fusaient. Je vous préviens tout de suite, Mommy est un film fort, sombre, violent, mais dont on retrouve énormément d’amour. Je ne sais absolument pas si le travail de Xavier Dolan se construit autour de la relation mère/fils plus ou moins toxique, mais je tiens à dire que Mommy est une réussite nous faisant passer par toutes les émotions.
Pour ce faire, le réalisateur joue avec son cadre en nous proposant un long métrage au format 1:1 (un format carré pour ceux qui ne connaissent pas les termes techniques). Ce choix de cadre est tout à fait compréhensible et magnifique, car il permet au réalisateur de simplement nous montrer les émotions des différents personnages avec son cadre. Ce format carré ne permet pas de cadrer tous les personnages, notamment durant les scènes de dialogues. La caméra passe donc de visage en visage, nous permettant ainsi d’être bloqué dans ce cadre, de se sentir étriqué, de suffoqué dans leurs pensées, leurs ressentiments.
Là où c’est encore plus beau, c’est que Xavier Dolan joue avec des travellings arrières, afin de donner de la place à ses personnages, de les faire respirer quand tout va bien. Je pense notamment à cette scène de danse improvisée dans la cuisine, qui arrive vraiment de nulle part, mais qui unie les personnages dans un moment de joie et de communion. Les personnages ne sont pas les seuls à pouvoir respirer, puisque nous en profitons également pour les laisser vivre.
Pour aller encore plus loin dans ce travail de mise en scène, Xavier Dolan change à certains moments de ratio de cadres. C’est le cas lorsque la situation s’améliore pour nos personnages ou qu’ils sont en train de rêver. Le carré parfait s’étire pour nous montrer que les personnages sont enfin libre. Je garderai en mémoire cette scène de longboard et de sa bande-son, car elle était magique, ainsi que cette scène de fin qui est parfaite, selon moi.
Des acteurs de talents
Xavier Dolan nous invite à suivre le quotidien d’une mère et de son fils atteint d’un trouble psychologique le rendant instable et agressif. Cela passe par des moments vraiment éprouvant psychologiquement et physiquement. Il est difficile de s’attacher à ses deux personnages au début de cette histoire, la mère semble à côté de la plaque et vulgaire, tandis que le fils n’est que violence et mépris. C’est avec la rencontre de leur voisine, Kyla, que tout va changer et que l’on va véritablement s’attacher à ce trio.
Vous avez vu le titre, mais Mommy possède un casting de grande qualité. Je n’ai rien à redire là-dessus, tout comme le scénario et la mise en scène d’ailleurs. Au fil des minutes, j’ai complètement oublié que j’étais face à des acteurs. J’avais l’impression d’être devant de véritable personnes, mes propres voisins, avec leurs peines, leurs problèmes et leurs joies.
Anne Dorval qui interprète magnifiquement le rôle de Diane (la mère de famille) est celui qui m’a le plus bouleversé. C’est le portrait d’une mère qui doit faire face à la maladie de son fils, qui doit l’aider à avancer, tout en sortant d’une précarité. On sent qu’elle aime son fils, autant qu’elle le craint et c’est là toute la beauté de cette relation.
Antoine-Olivier Pilon quant à lui est parfait dans ce rôle d’adolescent imprévisible et violent. On ressent véritablement cette folie chez lui, comme si l’acteur était également malade. Les nombreuses scènes de violences physiques et psychologiques m’ont véritablement scotchés, tout en me faisant ressentir tellement de choses. Le personnage tente de s’en sortir, tout en sachant que ça va être difficile. Il a des rêves comme tous les adolescents de son âge, mais il se rend bien compte du mal qu’il fait à sa mère.
Suzanne Clément qui interprète Kyla est un peu plus en retrait par rapport aux deux autres personnages, mais c’est tout à fait normal.
Je pense que vous l’aurez compris, mais cette découverte du cinéma de Xavier Dolan est une réussite pour moi. Mommy est un bijou cinématographique, un travail d’auteur hors pair sur les émotions. Mommy m’a fait ressentir tellement d’émotions à travers son cadre, mais aussi avec ses acteurs et ses dialogues. De nombreuses scènes vont me rester en mémoire et je comprends toutes les critiques positives et élogieuses sur le cinéma de cet homme. Je vous invite à le voir si ce n’est pas déjà fait, car il faut le voir.
J’en avais entendu tellement parler à sa sortie, il faudrait que je rattrape ce visionnage !
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Je te le conseille vivement 🙂
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