
Il suffit parfois d’une quatrième de couverture énigmatique et d’une couverture sobre pour se laisser tenter par un roman. C’est le cas ici avec La ligne de Jean-Christophe Tixier publié aux Éditions Albin Michel, qui nous entraîne dans un récit hybride afin de découvrir la bassesse de l’humanité.
La 4eme de couverture
Jusqu’où peut aller la folie des hommes ?
Un matin, des villageois découvrent une ligne au sol qui sépare la localité en deux. Une partition a été décidée par l’État. « Nous avons toujours vécu en paix les uns avec les autres », clament d’abord les habitants. Mais l’émoi suscité est vif et ce trait de peinture devient l’objet de toutes les préoccupations. La ligne traverse les terres, déchire les familles et les couples. Très vite, Le climat dégénère et les premiers accrochages surviennent, puis une disparition, un mort…
Le nouveau roman noir de Jean-Christophe Tixier – prix Transfuge du meilleur polar français pour Les Mal aimés – saisit le basculement d’une communauté vers la haine, le rejet de l’autre et la folie.
La ligne : de l’huile sur le feu
Qu’on se le dise, La ligne de Jean-Christophe Tixier n’est pas réellement ce à quoi on pouvait s’attendre en lisant la 4eme de couverture. Vendu comme un thriller dystopique, voire comme une œuvre politique, le roman prend un peu de tout cela pour nous offrir un récit hybride que l’on aura bien du mal à définir et qui pourra, au final, déplaire à plus d’un.
Fort d’un concept simple, mais évocateur, le romancier nous entraîne dans un village français qui va se faire diviser en deux par une simple ligne blanche. Dès lors, les villageois n’auront plus que cela en tête et le lecteur va l’accompagner dans ces questionnements. On aimerait en connaître davantage sur son rôle, si celle-ci n’est visible qu’ici ou si la France entière est divisée et surtout si le pays a basculé vers un État totalitaire sans que ce village ne soit au courant. Vous l’aurez compris, les questions se bousculent dans notre tête et Jean-Christophe Tixier va se jouer de nous tout au long de son histoire.
Le romancier s’amuse de son concept et nous montre qu’une simple ligne peut être le catalyseur de bien des choses. Tel un effet papillon, cette trace blanche va réveiller des non-dits, des rancœurs et des secrets connut de tous mais dont on ne parle pas. Cette ligne pourra vous faire penser au Dôme de Stephen King ou encore à son personnage venu remuer la merde dans Bazaar et c’est tout à fait compréhensible. Cependant, La ligne de Jean-Christophe Tixier se fait bien plus timide. L’auteur joue sur plusieurs niveaux pour nous offrir un roman noir parfois glaçant, évocateur de la bêtise humaine, mais toujours avec un peu d’espoir.
Une fable noir timide
L’écrivain va mettre deux familles au centre de cette agitation, de cette explosion de rancœurs et des non-dits. Deux familles qui se font la guerre depuis des années et qui vont se déchirer sur un espace temps assez court de 30 jours. D’un côté, il y a la famille du maire actuel, implantée dans le village depuis plusieurs générations et de l’autre, nous avons une famille “étrangère” qui est arrivée dans le village quelques décennies auparavant et dont certains membres se sentent encore jugés par le reste de la communauté. C’est un jeu de pouvoir, de politique, de rivalités et de tromperies qui va se jouer devant nous, si bien que l’on finit par se demander jusqu’où cette situation va pouvoir aller.
La tension monte petit à petit, les violences s’intensifient, une disparition inquiétante entre en jeu. Tout est là pour que la situation explose, s’embrase et nous plonge dans un chaos incroyable et pourtant, Jean-Christophe Tixier va faire le choix de ne jamais aller trop loin, de rester dans la limite, rendant ainsi, à mes yeux, La ligne bien trop sage. Parce qu’on ne va pas se cacher que derrière ce concept, il y avait la possibilité de pousser les curseurs au maximum, de montrer l’humain sous ses plus noirs aspects, de rendre le roman insoutenable, de le faire entrer dans nos mémoires, de nous bousculer, de nous mettre un uppercut dans la tronche. La ligne ne fait, finalement, que nous effleurer et c’est vraiment dommage.
En bref, La ligne ne va pas jusqu’au bout de son concept
Vous l’aurez compris, Jean-Christophe Tixier ne m’a pas réellement convaincu avec son roman, La ligne. Malgré un concept intéressant et des idées bien amenées, le romancier se perd dans cette bataille entre ces deux familles qui finit par occulter le reste de la population et la ligne en elle-même. Il y avait le terreau parfait pour nous scotcher, mais le roman sera, malheureusement, vite oublié.
Pour vous procurer La ligne de Jean-Christophe Tixier, vous pouvez cliquer sur ce lien.
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Catégories :Littérature, Thriller/Polar
Dommage, ça partait bien.
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Je suis pas fana de roman dystopique, mais ce roman pourrait peut être me plaire s’il ne répond pas aux critères habituels. 😉
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