
Qu’on se le dise, le roman noir devient toujours plus exaltant lorsque celui-ci donne matière aux maux de notre société et ça l’est d’autant plus lorsque la personne derrière se montre acerbe et sans pitié face à son sujet. C’est le cas ici avec Les crevards, nouveau roman de Nathalie Achard, disponible en librairie aux Éditions Marabout dans sa collection Black Lab. C’est parti pour une chronique sociale plus que savoureuse !
La 4eme de couverture
La vérité a souvente une sale gueule
Vendredi, 8 h 58.
Formateur en communication, Éric s’apprête à animer par visio la dernière matinée de son séminaire.
Un à un, les participants se connectent et entrent dans la salle virtuelle.
Véronique, professeure harassée, qui aspire à retrouver le plaisir d’enseigner.
Karim, aspirant médiateur, vivant dans un habitat partagé.
Kathy, ancienne salariée d’ONG, discrète et positive.
Vincent, codeur rétif, sombre et revendicatif.
Anaïs, responsable commerciale, volubile et sûre d’elle.
Nicolas, industriel flamboyant et charmeur, l’un des plus anciens amis d’Éric.
Quand, soudain, l’un d’eux murmure d’une voix sourde :
« Éric, qu’est-ce que c’est… là… derrière toi ? »
Dans ce nouveau roman glaçant de réalisme, Nathalie Achard autopsie les âmes humaines et décortique la partition violente et chaotique d’une société, où chacune et chacun jouent un rôle parfaitement orchestré.
Les crevards : un roman qui se lit d’une traite
C’est une chronique bien particulière que je m’apprête à écrire aujourd’hui, car Les crevards de Nathalie Achard est un roman très court. Je ne voudrais pas trop m’étendre sur l’histoire, tant il serait aisé pour moi de trop en dévoiler. En sachant cela, j’ai mis du temps à savoir de quoi j’allais parler et sur quoi j’allais mettre l’accent durant cette séance d’écriture.
Soyons classique dans le genre, Les crevards démarre tranquillement avec une scène de vie “classique” autour d’un petit-déjeuner avec deux adolescents semblant être dans leur propre monde, un père qui paraît absent et une mère de famille qui se démène pour maintenir le navire à flot. La crise est là et donne l’impression de ne pas être récente. Petit indice pour la suite des événements ? Nathalie Achard laisse planer le doute.
Celle-ci nous immerge par la suite dans une conférence en vision donnée par le père de famille pour apprendre à communiquer avec les autres et à réagir dans des moments inadéquats. Tout semble parfait et l’homme en question prépare une petite surprise pour ses participants. On sent déjà que l’autrice ne ménage pas son sujet et semble en connaître un rayon sur celui-ci, tant on ressent la petite critique acerbe derrière ce qui s’apparente à une espèce de charlatanisme. Tour de table pour exprimer ce que les personnages ressentent, nous permettant ainsi de pouvoir poser une première impression sur certains d’entre eux.
Jusque là, on peut se dire que Nathalie Achard se la joue assez classique dans sa mise en place et dans l’écriture de ses personnages. La suite pourra nous donner presque raison, puisque celle-ci prend plaisir à nous offrir des caricatures sur pattes. Cependant, Les crevards prend une tournure savoureuse, grâce à l’entrée en scène de plusieurs individus cagoulés. Que viennent-ils faire ici ? Le jeu peut commencer et les questionnements fusent dans notre esprit. Le piège se referme sur nous et celui-ci nous pousse à lire ce roman d’une traite, tant on est pris dans cet imbroglio dangereux et parfois malsain.
Une chronique sociale savoureuse
Outre cet aspect page turner, Les crevards de Nathalie Achard est une véritable chronique sociale qui tend à la fois vers le roman noir et vers la comédie. C’est une véritable pièce de théâtre qui s’ouvre devant nos yeux. Celle-ci opposant celles et ceux venant d’en bas, se sentant méprisé et oublié de tous, contre certains privilégiés qui se la jouent chevaliers blancs dans leur quotidien. La romancière nous invite dans cette satire savoureuse avec une force de conviction qui fait plaisir à lire et c’est avec ce nouvel aspect que l’on comprend l’utilisation de certains personnages caricaturaux. Celle-ci semble rendre les coups en mettant certains comportements devant le fait accompli.
Véritable électrochoc, ceux d’en bas viennent prendre revanche sur la vie en mettant le nez des autres dans leur propre bêtise. C’est beau, bien que l’on aurait pu espérer que la romancière puisse aller encore plus loin dans l’aspect noir de son roman. On finit finalement par prendre part à ce discours, à prendre parti, tout en ayant un peu d’empathie pour certains d’entre eux. Cependant, Nathalie Achard joue avec nous en ajoutant un nouvel ingrédient dans cette histoire. La vengeance. Mais je ne vous en dirais pas plus, histoire de savourer davantage ce roman…
En bref, Les crevards est une belle réussite
Roman court, mais roman féroce par certains aspects. Nathalie Achard dresse un portrait assez salé d’une certaine catégorie sociale, tandis qu’elle nous offre d’autres personnages bien plus beaux dans leurs idées. Les crevards peut devenir ce genre de roman intemporel que l’on pourra, malheureusement, ressortir dans quelques années sans en perdre la saveur. Je vous invite à découvrir ce roman noir sur des personnages désespérés et prêt à tout, quitte à mettre leur morale de côté.
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Catégories :Littérature, Thriller/Polar
Me voilà sacrément intriguée ! Je note les références, merci pour la découverte !
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Rien que le titre est tentant !
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