Les histoires d’amour finissent mal en général. Jamais une phrase n’aura jamais été aussi vraie en terminant ce roman disponible en librairie depuis le mois d’octobre 2022. La démesure du désir écrit à quatre mains sous le nom d’Octavia Polk et publié chez XO Éditions nous plonge dans l’enfer d’une relation à sens unique régi par l’érotomanie de son antagoniste…

La 4eme de couverture

Lorsqu’elle rencontre Romain, jeune avocat bordelais, Juliette ressent aussitôt une certitude : une véritable alchimie existe entre eux deux, Romain est tombé amoureux d’elle !
Sauf que Juliette est la sœur de Jade… la compagne de Romain. Peu lui importe. La jeune femme entreprend de se battre pour que leur  » amour  » triomphe.
Pour Juliette, le moindre mot de Romain, le plus petit geste ou regard, est interprété comme le signe de la passion qu’il lui voue. Sa perception de la réalité est sans cesse tordue pour alimenter son fantasme.
Romain se retrouve confronté à une situation familiale qui empire de jour en jour.
Face à l’absence d’amour de celui qui est devenu l’objet obsédant de son désir, la folie de Juliette risque, à tout moment, d’engendrer un invraisemblable chaos…

La démesure du désir : glaçant

Les deux autrices débutent le roman par sa fin, nous mettant ainsi dans le bain dès les premières lignes. L’énigme est là, la tension est déjà bien présente et la peur s’installe tranquillement en nous. Qu’est-ce que cet homme tente de fuir ? Ce prologue nous laisse dans l’expectative et nous pousse alors à continuer sur notre lancée pour dévorer entièrement ce roman écrit à quatre mains.
Commencer par la fin est assez courant dans le monde du roman noir, mais on ne peut tout de même pas nier que l’effet est là et qu’il fonctionne à tous les coups. On sait qu’il va se passer quelque chose de grave et les deux romancières alimentent notre besoin maladif de connaître les moindres détails. Cela tombe bien, puisque La démesure du désir va fournir tout le carburant pour notre curiosité malsaine, voire morbide…

Le prologue annonce le drame et nous nous plongeons corps et âme dans les différentes parties qui jalonnent ce roman noir qui se démarque des autres par sa thématique et par les sensations contradictoires que celui-ci procure tout au long de notre lecture. Qu’on se le dise, les deux romancières sous le nom d’Octavia Polk maîtrisent l’art du suspense, de distiller la folie au fil des pages et de nous immerger dans un état second pour nous faire tourner les pages sans aucun arrêt.
La démesure du désir est un pur roman noir, voire un thriller psychologique où la tension ne retombe jamais et où notre intérêt ne fait que grandir. On plonge dans le quotidien de ce jeune homme et dans le cauchemar qui s’abat sur lui. Si la tension ne retombe jamais, il y a également la peur qui entre en jeu, tant l’antagoniste de l’histoire semble imprévisible, dangereuse, obstinée et inarrêtable. 

On ne peut alors s’empêcher d’avoir une empathie terrible pour ce personnage qui subit les attaques d’une jeune femme qui pense être aimé, rejettée et haïe. On peut dire qu’Octavia Polk nous met dans une situation délicate envers elle, puisque nous ne pouvons pas complètement la blâmer par rapport à cette situation, mais nous ne pouvons pas non plus ne pas ressentir de la peur face à un tel cas de figure. On ne peut qu’être du côté du “héros” de cette histoire, tant on espère ne jamais connaître cet enfer dans notre vie.
Les deux autrices réussissent alors leur coup, puisqu’elles nous offrent un thriller psychologique de grande qualité, qui nous pousse à la réflexion, tout en jouant sur les codes du divertissement. Aucun doute à avoir, La démesure du désir est le genre de roman noir qui restera gravé dans nos mémoires. 

Une maladie pas comme les autres

Mais ce récit, c’est bien plus qu’un divertissement. C’est aussi et surtout un regard sur une maladie méconnue, qui peut faire peur et dont il faut connaître les issues pour s’en sortir le plus rapidement possible. En effet, les deux autrices évoquent avec force et précision le cas de l’érotomanie qui est une maladie psychique construite autour de la conviction d’être aimé par une autre personne, alors que ce n’est pas le cas dans la réalité.
On découvre ainsi un personnage qui plonge dans une folie délirante, qui voit des signes de cette union partout, même quand la personne est sincère en face d’elle. On finit par ne plus savoir comment l’aborder, tant la maladie est imprévisible et peut avoir des conséquences désastreuses. 

Cette maladie dérange, tant l’incompréhension est forte et on peut dire que les autrices de ce roman l’ont très bien compris. Celles-ci jouent alors sur des scènes glaçantes pour nous faire entrer tour à tour dans la peau de celle qui est atteinte de ce trouble et dans celle de celui qui subit. On découvre ainsi les pensées d’une personne qui pense que les refus sont un stratagème pour ne pas montrer ses sentiments, mais on voit aussi que le délire va beaucoup plus loin et que la banale histoire d’amour à sens unique se transforme en un harcèlement physique et moral, pouvant aller jusqu’au crime passionnel…

En bref, La démesure du désir est un roman glaçant sur une maladie bien trop méconnue

Octavie Polk nous offre la possibilité de plonger corps et âme dans une relation plus que toxique où la maladie joue un rôle plus qu’important. En traitant d’un sujet méconnue, l’érotomanie, les deux autrices nous offre un thriller psychologique d’une intensité remarquable, transformant petit à petit l’antagoniste comme un véritable monstre imprévisible, alors que l’on fait tout pour la comprendre, pour trouver des solutions pour calmer son état. Qu’on se le dise, La démesure du désir est un récit puissant, dérangeant et différent de ce qu’on a l’habitude de lire. 

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