Cinéma

[CRITIQUE] : Meurtrie d’Halle Berry (2021)

Alors que le premier Rocky fait son grand retour dans les salles obscures dans une version 4K et que Sylvester Stallone présente son nouveau montage de Rocky IV, Halle Berry fait ses débuts derrière la caméra avec Meurtrie (Bruised dans sa version originale). L’actrice devenue réalisatrice nous propose un récit social et sportif classique dans le milieu de la MMA. Présenté au Festival international du film de Toronto en 2020, celui-ci échoue sur la plateforme Netflix, alors qu’il aurait eu toutes ses chances sur nos grands-écrans.

SYNOPSIS :
Une ex-championne de MMA saisit sa dernière chance de se racheter dans la cage quand le fils qu’elle a laissé revient dans sa vie.

Premier pas derrière la caméra donc pour Halle Berry qui signe ici un long-métrage honnête et qui se place en digne héritière de ce que pouvait être le Rocky de Stallone. Si ce genre d’histoire a fait quelques émules depuis des années, notamment avec un magnifique drame comme Million Dollar Baby de Clint Eastwood ou encore le très bon La rage au ventre d’Antoine Fuqua, il est indéniable que Meurtrie peut se placer dans le haut du panier. Il serait même intéressant de mettre ce film en comparaison avec la propre carrière de l’actrice, tant on l’impression de voir ressurgir Halle Berry après quelques années de difficultés. Comme son personnage, Jackie Justice, l’actrice remonte sur le ring en passant derrière la caméra et en se donnant le premier rôle, histoire de prouver que la carrière d’une femme de 55 ans est loin d’être terminée à Hollywood. 

C’est ainsi que Meurtrie devient le combat d’une femme qui tente de sortir du marasme qu’est devenu sa vie après une véritable humiliation dans la cage. Celle-ci doit vivre parmi un entourage proche toxique à tous les niveaux, mais également avec l’arrivée de son enfant, mutique. C’est un véritable défi que nous propose de suivre Halle Berry et le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela fonctionne. Bien évidemment, il y a quelques accrochages au niveau du scénario, puisque si l’intention est louable de nous montrer un personnage devant jongler entre la rage de vaincre, son nouveau rôle de maman et son émancipation d’un monde patriarcale, on se rend vite compte que l’histoire s’éparpille un peu trop. 

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C’est sur ces nombreux aspects que l’on a l’impression qu’Halle Berry s’enferme dans des thématiques que l’on a déjà beaucoup trop vues depuis une bonne vingtaine d’années, si bien que l’on connaîtra le dénouement de chacun des axes mis en place par sa réalisatrice. La frustration est bien là, parce qu’il y avait un gros potentiel à mettre en avant, notamment avec le jeu fascinant et tout en retenu de Sheila Atim qui aurait pu livrer un arc narratif et romantique que l’on a peu l’occasion de voir dans ce genre de long-métrage, mais qui sera vite expédiée pour remettre le destin de Jackie Justice sur les bons rails d’un combat personnel qu’elle finira par perdre totalement aux yeux des spectateurs.

Il n’empêche que Meurtrie dispose d’assez d’éléments pour nous faire prendre véritablement part à cette renaissance et à cette rédemption, amenant alors jusqu’à une dernière partie qui prend aux tripes, tant Halle Berry nous fait vivre un moment d’une intensité remarquable. Tout cela est possible grâce à la qualité de sa mise en scène, compte tenu de son expérience. Le long-métrage sera sans doute trop statique pour certains et trop académique pour d’autres, mais il est indéniable que l’actrice et réalisatrice s’en sort avec les honneurs.
Le défi est alors relevé par une Halle Berry qui semble s’être donnée à fond pour entrer dans la peau de son personnage de combattante de MMA. On ressent la dureté des entraînements, mais également de cette nouvelle vie qu’elle tente de construire, grâce à son jeu tout en finesse, confirmant ainsi son statut de grande actrice. Bien évidemment, je ne pourrai pas juger de la faisabilité des coups qui sont mis lors du combat final, puisque je ne suis pas un pratiquant, mais la cinéaste réussit à manier la chorégraphie d’une telle façon que l’on y croit et que l’on serre les dents pour elle. 

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Meurtrie est, sans aucun doute, un long-métrage que l’on a déjà vu de nombreuses fois dans les salles obscures, mais on saluera l’implication incroyablement forte d’Halle Berry derrière et devant la caméra. Véritable Rise & fall qui contentera les amateurs du genre, Meurtrie aurait pu aller plus loin, histoire de nous marquer véritablement par son message et la rage qu’il véhicule, mais il est indéniable que la cinéaste nous offre un premier passage derrière la caméra qui transpire l’honnêteté et un savoir-faire que l’on espère revoir dans les prochaines années. 

Meurtrie est disponible depuis le 24 novembre 2021 sur Netflix.

Note : 3.5 sur 5.

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