Coup de coeur

Chiens de sang de Karine Giebel : chasse à l’Homme intense

Par moments, il faut savoir s’écouter en retournant vers un auteur ou une autrice que l’on avait abandonné à force d’être déçu. Parfois, il faut savoir revenir aux premiers amours et c’est ce que j’ai décidé de faire en sortant Chiens de sang de Karine Giebel qui dormait dans ma liseuse depuis des années.

Aujourd’hui, je vous parle de cette histoire publiée aux Éditions Fleuve, mais aussi chez Pocket. Aujourd’hui, je vous parle d’un récit incroyable, d’une chasse à l’Homme intense. 

La 4eme de couverture

Courir, toujours plus vite. Plus loin. Fuir la mort qui plane au-dessus d’eux; oiseau de proie aux ailes gigantesques dont l’ombre les dévore déjà. Diane a choisi la fuite. D’instinct. Elle sait qu’ils sont derrière. Juste derrière. Avance minime, infime. Comme son espérance de vie, désormais. Pourtant, elle marche. Pourtant, elle veut vivre. Rémy avance. Avec le poids de la peur qui comprime son cœur. Le poids de la fatigue, comme un boulet enchaîné à ses jambes. Il devrait être ailleurs, en ce moment même. En compagnie de sa femme et de sa fille. Mais non, il est là, errant dans ces bois inhospitaliers, avec ces inconnus qui fuient comme lui. Il est devenu une proie. Rien qu’une proie. Il n’existe plus. Déjà mort. Alors, pourquoi a-t-il aussi peur? Le monde est ainsi fait, qui ne changera jamais. Les chasseurs d’un côté, les proies de l’autre.

Chiens de sang : chasse à l’Homme intense

Avec Chiens de sang de Karine Giebel on part directement dans la catégorie des thrillers dévorés en une seule journée (et en plus durant une journée de travail plutôt calme). Autant vous dire que tout est là pour vous faire vivre une aventure atrocement noire et intense, tant l’autrice nous embarque dans son récit dès les premières pages et nous tient en haleine jusqu’au bout. L’histoire se déroule dans un cadre temporel très resserré (une journée et une nuit) jouant ainsi sur cette sensation d’urgence, que ce soit pour les personnages ou pour le lecteur. Le roman se dévore au rythme endiablé de la plume de Giebel, si bien que l’on ne voit absolument pas le temps passer dans ce récit à la résonance encore si actuelle dans notre société qui se morcèle.
Autant vous dire que j’avais oublié à quel point Karine Giebel était une experte dans la construction d’une intrigue qui tient la route et qui tient en haleine. Tout se joue dans le rythme mis dans les mots, dans les phrases courtes, tantôt assassine, tantôt plaqué ici pour nous percuter en plein cœur. Véritable poésie macabre, Chiens de sang ne pourra laisser personne indifférent.

Ici, nous sommes dans l’urgence, dans l’adrénaline la plus puissante. On tourne les pages pour connaître la suite, pour survivre à cette chasse à l’Homme improbable, dangereuse et inhumaine. À la fois proie et prédateur, Karine Giebel nous offre un véritable destin croisé de personnages sur la corde raide. La mort rôde à chaque page, la peur est présente. On sert les dents, on sert les poings, on encaisse comme on peut et on finit par s’écrouler par la maestria noir encre de l’autrice. Celle-ci n’hésite pas à nous plonger dans le passé, dans les pensées et dans les regrets de chaque personnage, afin que l’on puisse tour à tour entrer en empathie ou tout simplement haïr davantage. Les sentiments explosent en vol, nous ne sommes à l’abri de rien et nous nous rendons compte que beaucoup d’événements peuvent faire basculer la vie d’un homme, d’une femme…
Chiens de sang joue sur un manichéisme totalement nauséeux pour certains personnages et une tentative de nous apporter de la nuance sur d’autres moins importants, Giebel prend le risque de perdre quelques lecteurs en route avec ce choix. Partant du postulat que l’autrice nous offrait une série B à tendance horrifique assumée, cet aspect ne m’a pas laissé insensible, bien au contraire. On retrouve ici bien des idées que j’aurais voulu développer dans ma propre histoire, tout en inversant les rôles pour dénoncer bien d’autres choses. Il n’empêche que Karine Giebel frappe fort et là où ça fait mal avec une maîtrise de la violence psychologique et physique parfaite.


Autant dire que Chiens de sang me rappelle à quel point la Giebel des débuts me manque. Il n’y avait pas encore cette surenchère de violences qui n’apporte pas grand chose à son histoire et il y avait cette empathie énorme pour ces personnages. C’est ce genre de coup de foudre littéraire que j’aimerais revivre encore au moins une fois avec cette autrice… Vous aurez bien compris qu’il faut absolument découvrir cette partie de chasse complètement folle où l’adrénaline vous empêchera de refermer le livre avant le prologue, tout aussi sournois et choquant par bien des aspects. 

Chiens de sang a été lu dans le cadre du challenge Paye Ton Slip organisé par Séverine de la chaîne Youtube Il est bien ce livre. Vous pouvez vous procurer ce roman de Karine Giebel en cliquant sur le lien. 

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10 réponses »

    • Je boude aussi ses derniers romans parce qu’il me donne l’impression d’être toujours dans une surenchère de violence injustifiée et surtout présente pour faire pleurer le lecteur. Ça en devient indigeste…

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  1. J’avais mis de côté l’autrice parce que je trouve sa plume addictive, mais avec recul, j’ai trouvé qu’elle tombait ans la surenchère gratuite qui finit par lasser. Du coup, comme tu soulignes que ce n’est pas le cas ici, je le note !

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