Contemporain

La femme intérieure d’Helen Phillips : maternité envoûtante

Le Cherche Midi éditeur débute cette rentrée littéraire en fanfare avec une nouvelle collection, Vice caché, et surtout avec un roman envoûtant qu’est, La femme intérieure d’Helen Philips, dont je vous parle tout de suite.

Accrochez-vous, parce qu’on part sur un roman mystérieux et troublant !

La 4eme de couverture

La réalité est plus fragile qu’on ne croit.
Molly participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Elle déterre un jour des objets dont la nature perturbe sa conception d’un univers logique, comme cette Bible où Dieu est au féminin. Chez elle, Molly doit affronter une situation tout aussi perturbante : son mari a dû se rendre à l’étranger pour donner un concert, la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Mais voilà qu’un soir elle entend des bruits de pas dans le salon…
Un intrus surgit alors dans sa vie, un intrus très particulier, puisqu’il s’agit… d’elle-même ! Une Molly identique, à une différence près : cette Molly-là a perdu ses deux enfants dans un attentat sur son lieu de travail. Débordée par son rôle de mère, Molly se retrouve confrontée à une femme qui veut récupérer ses enfants à tout prix. Les deux Molly sont-elles les deux facettes d’une même femme au bord de l’effondrement, ou la trame de l’Univers s’est-elle vraiment déchirée ? Deux mères presque semblables peuvent-elles cohabiter…

La femme intérieure : maternité envoûtante

La femme intérieure d’Helen Phillips est un roman envoûté, envoûtant, spécial. Je ne vous cache pas que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec cette lecture. La 4eme de couverture me fascinait et en même temps me faisait peur. Je craignais de tomber sur quelque chose de bizarre, d’incompréhensible, de trop perché, voire d’être trop littéraire à mon goût. J’étais perdu face à son ampleur et puis je me suis lancé pour lire un ou deux chapitres, histoire de prendre la température… Au final, j’ai relevé les yeux du livre au bout d’une heure et plus de cent pages après. Ce roman a un pouvoir d’attraction incroyable, si bien qu’il devient un véritable aimant. L’ouvrir, c’est tomber dans son engrenage et n’en ressortir qu’une fois la dernière page terminée. Pourtant, je ne peux pas dire que l’histoire soit palpitante, loin de là, mais il y a quelque chose qui fonctionne, quelque chose de l’ordre du surnaturel peut-être…

Autant le dire tout de suite, mais La femme intérieure ne sera pas un roman qui va plaire au plus grand nombre. Je suis certain que beaucoup ne se sentiront pas concernés ou touchés par cette histoire envoûtante. Je pense qu’il faut avoir l’esprit très ouvert pour plonger intensément dans ce récit et pour prendre la pleine puissance de la plume de l’autrice. D’une thématique simple, Helen Phillips théorise et part dans une métaphore de la maternité et du rôle de la femme qui devient maman au sein d’un couple. La plume se veut simple, parfois aussi incisive qu’un scalpel. C’est une écriture qui se vit, qui se respire et qui se ressent. L’autrice joue avec nous en mélangeant les codes de divers genres, passant facilement du drame le plus intime, à un thriller incroyablement fort, voire par moment à un véritable roman d’épouvante qui pourrait en faire pâlir plus d’un. Véritable équilibriste des genres, Helen Phillips ne se trompe jamais et ne tombe jamais dans la phrase de trop ou l’atmosphère plombante. Celle-ci d’ailleurs se veut tantôt explosive, tantôt contemplative, mais elle ne laisse jamais indifférent. On plonge dans cette drôle d’histoire et on vit ce que le personnage vit, même si cela paraît complètement fou…

La femme intérieure, c’est un roman brillant sur la maternité et sur le changement que cela entraîne chez une femme. Entre l’amour intense pour ses enfants, un dévouement sans faille ou presque pour sa progéniture, mais aussi une rage sourde et la fatigue qui s’accumule. Helen Phillips ne nous épargne rien, puisque celle-ci évoque les terreurs nocturnes, le bruit, les caprices, l’allaitement, parfois à outrance, l’inconfort que cela peut susciter chez les femmes, l’envie de tout envoyer bouler, l’envie de tuer pour protéger ses enfants, mais aussi de voir ses enfants mourir, afin d’avoir un mari qui fait plus attention à nous. L’autrice va loin, nous terrifie par moment et en même temps évoque un amour si fort, qu’il nous touche à coup sûr.
Malheureusement, je ne peux vous en dire plus, parce qu’il faut absolument découvrir ce récit sans trop en savoir. Il faut plonger dans cette histoire qui mêle suspense, métaphysique et d’autres choses encore avec beaucoup de brio.


Je ne vais pas vous faire un dessin, mais lisez La femme intérieure. C’est sans aucun doute l’oeuvre la plus étrange de cette rentrée littéraire et en même temps l’une des plus riches et des plus intéressantes. Helen Phillips a su me secouer, me toucher comme jamais je n’avais été par un roman sur la maternité… Au passage, merci à Le Cherche Midi éditeur qui m’a permi de découvrir ce roman, car je pense que je serais passé à côté sinon. 

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