Cinéma

[Retour sur Saga] – Halloween 2 de Rob Zombie (2009)

Après un prequel/remake des plus réussis de la part de Rob Zombie, mais à l’impact mitigé auprès des spectateurs. Les producteurs veulent lancer une suite très rapidement en annonçant une date de sortie en août de l’année 2009. Au départ, Mr. Zombie ne devait pas être de la partie sur ce projet, si bien que plusieurs scénaristes et réalisateurs ont proposés une suite à ce premier opus. Mais c’est Rob Zombie qui revient à l’attaque en écrivant et en réalisant cette suite en un temps records. Tous les fans étaient en droit d’avoir peur avec ce projet et l’aspect chaotique et rapide pouvaient leur donner raison. Comme pour son premier opus, Zombie reçu les foudres des fans de la première heure, après que celui-ci ait annoncé qu’il voulait s’éloigner complètement des suites et apporter sa vision personnelle de Michael Myers.
Résultat des courses, cet Halloween 2 fut accueilli très froidement par la presse spécialisée et par le public américain. Décidément, il est difficile de faire bouger les choses et surtout les plus grands fans dans une saga aussi reconnue… Cet accueil a eu un impact assez négatif en France, puisque Halloween 2 est arrivé directement en DVD.

Deux ans après les événements du premier film, Laurie est toujours traumatisée, et vît maintenant chez son amie Annie et son père le shérif. Le docteur Loomis lui, profite un max de cette situation en publiant un nouveau livre. Mais Michael Myers n’est pas mort et en cette période d’Halloween, il est bien déterminé à retourner chez lui et à retrouver sa sœur.

Est-ce qu’il fallait avoir peur de cette suite ? Et bien, non. Enfin de mon point de vue. Rob Zombie nous offre un véritable poème macabre, brutal et surtout radical sur le choc psychologique et post-traumatique au travers des personnages de Michael Myers, de Laurie et d’Annie. Halloween 2 est un piège qui s’ouvre et qui se referme sur nous, notamment avec son prologue qui s’avère être un long songe reprenant la fin du deuxième opus de Rick Rosenthal de 1981. Le spectateur aura l’impression que Rob Zombie ne réalise qu’une resucée, qu’une parodie dans cet hôpital, bien que l’on voit déjà le génie visuel du réalisateur. Tourné en 16 mm, avec un grain très fort, Rob Zombie marque déjà des points dès le début de ce long métrage et on se rend compte que celui-ci s’est amélioré et qu’il a pris de l’assurance quant à son travail. 20 minutes de songes, avec très peu d’explications, et c’est à la fin de celui-ci que Rob Zombie tord le cou à tout ce qui avait été fait et qu’il lance sa relecture brutale et intime du mythe de Michael Myers

Rob Zombie nous offre une vision malade de ce mythe au travers d’une Amérique qui plonge dans la folie et cela se résume parfaitement avec deux personnages. D’un côté, il y a Michael Myers, tueur iconique, ici débarrassé de toute son imagerie. Mr. Zombie n’hésite pas à nous le montrer sans son masque (dans sa version Director’s cut). Myers est réorienté et adopte un look de marginal pour en devenir l’étendard de toute cette société de laissé pour compte. Le tueur est un être brisé par sa folie, renvoyé au plus bas pour y pourrir comme une bête sauvage. On sent que Michael Myers est un être qui lutte, qui souffre de sa folie et de son corps blessé. L’acteur incarne pleinement son rôle et on ressent énormément de choses quand on voit ses faits et gestes. Le tueur iconique devient un être fou, brutal qui n’oublie pas de tueur et je peux vous dire que vous allez être servi. Quelques mises à mort pourront vous paraître assez classique dans le genre, mais Rob Zombie apporte tout de même quelques scènes bien gore et bien violente pour notre plus grand bonheur.
De l’autre côté, il y a le docteur Loomis qui est assez peu exploité finalement, mais dont la puissance évocatrice apporte une relecture de son personnage absolument parfaite. Loomis devient en quelque sorte la vision d’une Amérique avide de pouvoir et d’argent, au grès de la santé de la population. Loomis devient finalement LE boogeymen de cette suite, puisque celui-ci représente une institution qui fera tout pour détruire psychologiquement ses patients.

Comme je le disais précédemment, Rob Zombie apporte sa touche artistique à l’ensemble de cette oeuvre, bien que l’on sente un manque de budget au niveau maquillage pour qu’il aille au bout de ses idées. Le réalisateur nous embarque dans sa vision de l’Amérique avec une liberté folle au niveau de sa caméra. Celle-ci virevolte dans les moindres recoins d’un pays sale, crasseux et générateur de monstres. Rob Zombie ose dans ce long métrage et cela se ressent avec les quelques scènes oniriques entre Myers et sa mère qui pourront paraître too much à certains moments, mais qui prendra toute sa puissance en fin de parcours. Zombie n’en oublie pas sa muse, Sheri Moon Zombie qui reprend le rôle de la mère de Michael Myers, ici représentant la source de sa folie, mais aussi de sa rédemption. Rob Zombie nous montre que ce sont les autres, nos proches qui nous hantent quotidiennement et qui peuvent faire ressortir le meilleur comme le pire chez nous.
Pour le reste, le choc psychologique qu’endure Laurie et son amie en font des personnages beaucoup mieux construits et surtout plus intéressants. Les deux personnages doivent vivre avec le souvenir de ce qu’il s’est passé deux ans auparavant et doivent survivre maintenant à une Amérique qui les aide, mais qui les laisse de côté tout de même.


Vous l’aurez compris, mais Rob Zombie en voulant s’éloigner de la saga en apportant sa propre vision du mythe apporte, selon moi l’un des meilleurs épisodes de la saga, voire le deuxième meilleur épisode. On sent que celui-ci est plus à l’aise avec cette figure du mal et qu’il a su apporter toute sa vision personnelle de notre société moderne. En nous offrant un véritable poème brutal, Zombie nous offre l’un des meilleurs films horrifique des années 2000.

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