Fantastique/Science-Ficiton

La cité de l’orque de Sam J. Miller : Ennui au programme

Parfois, il est bon de sortir de sa zone de confort, de quitter le monde sombre du thriller.

Parfois, ça ne fonctionne pas… L’ennui pointe le bout de son nez et c’est déjà trop tard

Aujourd’hui, je vous parle de La cité de l’orque de Sam. J Miller publié aux Editions Albin Michel Imaginaire.

La 4eme de couverture

22 eme siècle. Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, ou en voie de désertification, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles abritent des millions de réfugiés. C’est sur Qaanaaq, l’une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu’arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d’un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle ? Est-elle venue ici pour se venger ? Sauver un être qui lui serait cher ?

La cité de l’orque : Ennui au programme

Ce roman à l’univers dystopique post-effondrement écologique n’est pas un décor si éloigné du nôtre. On comprend très rapidement que la cité de Qaanaaq sera l’élément central de cette histoire, que les différents personnages vont graviter autour d’elle et que c’est bien la cité qui est LE personnage principal de cette intrigue. Rien de bien nouveau sous le soleil avec La Cité de l’orque, puisque l’auteur va nous parler d’une histoire familiale et d’une vengeance.
C’est dans son écriture et dans les messages véhiculés que le roman prend toute son ampleur, bien que l’ennui pointe le bout de son nez au milieu de cette histoire. Le rythme en prend un coup, mais c’est pour mieux revenir par la suite.
Dès les premières pages, Sam J. Miller nous entraîne dans son univers et on sent que celui-ci le maîtrise à la perfection. Je ne vous cache pas que les premiers pas dans cette ville est assez déstabilisante, car l’auteur ne nous aide absolument pas à nous repérer. On apprend à connaître cette mégalopole immense qu’est Qaanaaq page après page, grâce à l’idée astucieuse de l’auteur. Celle d’agrémenter son roman de passages s’intitulant “Ville sans plan” permettant aux petits nouveaux d’apprendre l’histoire de cette ville et son fonctionnement.

Malheureusement, je dois dire que je n’ai pas adhéré à la plume de Sam J. Miller. J’ai trouvé le récit assez froid dans son déroulé, dans ses descriptions et dans ses actions. L’auteur met en avant plusieurs personnages intéressants sur le papier, mais il m’a été difficile de ressentir la moindre émotion les concernants. L’envie de véritablement les suivre arrive quasiment en milieu d’intrigue et je dois dire que l’auteur s’est vraiment rattrapé dessus. Il va falloir s’accrocher au tout début, afin que l’auteur puisse exposer et développer ses idées et ses personnages.
L’univers de Sam J. Miller est foisonnant et n’est pas sans rappeler les visuels de Ridley Scott pour son film Blade Runner. Cette cité flottante est surpeuplée, la misère est forte, les riches promoteurs immobiliers profitent de cette situation pour tirer les ficelles. Qaanaaq est pleine de fumée, de câbles, d’odeurs et de bruits. Celle-ci est contrôlée par des intelligences artificielles et la politique n’existe pas vraiment. Pourtant, les pauvres sont parqués dans divers bras de la ville où la violence règne en maître. Les maladies traînent dans les rues. Les pauvres en sont les premiers touchés. La faille tisse sa toile, tout comme le VIH encore aujourd’hui.

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C’est dans ses thématiques que La cité de l’Orque tire toute sa force. Sam J. Miller nous dresse un sombre tableau de notre humanité, sans pour autant oublier l’espoir et les beaux messages. L’auteur dénonce dans son roman le capitalisme irraisonné, incontrôlé et incontrôlable, l’irresponsabilité des scientifiques, des révolutionnaires, mais aussi de l’écologie et l’immigration. Sam J. Miller nous parle d’un sujet qui n’est pas encore légion et qui pourtant voit déjà le jour depuis des années. Avec la pollution, la destruction de la planète et la montée des eaux, de nombreuses ethnies seront contraintes à l’exode. L’auteur nous parle de la difficulté pour ses immigrés climatiques à s’installer et à se faire accepter par la population déjà sur place.
La cité de l’orque est un avertissement, un roman servant à interpeller son lecteur quant à la direction que prend notre société. Un monde déshumanisé où la peur et la haine engendre le pire. Sam J. Miller en fait un plaidoyer pour l’acceptation de la différence, qu’elle soit religieuse, sexuelle ou ethnique, mais aussi pour l’entraide entre les peuples. On le remarque d’ailleurs facilement, puisque Sam J. Miller en profite pour développer des personnages Queer et LGBT+ dans son récit, ce qui est encore assez rare dans la littérature grand public.


Je ne vous cache pas que La cité de l’orque est une lecture en demi-teinte de mon côté… Les thématiques sont fortes, intéressantes et permettent de réfléchir au monde de demain. Mais il manque quelque chose au niveau de la plume et des personnages, afin de prendre pleinement part à cette histoire. L’univers est dense et je trouve que Sam J. Miller aurait pu, peut-être, l’exploiter davantage. Mais qui sait, peut-être qu’un nouveau roman dans cet univers est dans les projets…

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