Littérature

Juste une ombre de Karine Giébel

Bonjour à toutes et à tous,

On se retrouve en ce lundi pour parler de littérature. Je me rends compte qu’aujourd’hui que j’ai instauré un rendez-vous en fait… Bref, il sera question en ce jour de mon avis sur le roman Juste une ombre de Karine Giébel. Je pense qu’il est inutile pour moi de revenir sur l’autrice, car j’en ai déjà assez parlé sur les différents articles…
Juste une ombre est dans ma PAL depuis un an, mais j’aime bien faire durer l’attente. Cependant, j’ai voulu sortir un roman dont j’étais sûr de le terminer rapidement et le nom de Karine Giébel m’est venu tout naturellement. J’avais énormément entendu parler (en bien) de ce roman et il est à l’origine de nombreux coups de cœur pour l’autrice.
Du coup, est-ce que ce roman de Karine Giébel est aussi bon que les autres ? Bien sûr que oui, même s’il ne détrônera pas Le purgatoire des innocents.

Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Tu manipules ? Tu deviendras une proie. Tu domines ? Tu deviendras une esclave. Tu mènes une vie normale, banale, plutôt enviable. Tu as su t’imposer dans ce monde, y trouver ta place. Et puis un jour… Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. Juste une ombre. Sans visage, sans nom, sans mobile déclaré. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t’observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d’aller consulter un psychiatre. Tes amis s’écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t’aider. Tu es seule. Et l’ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard…

Glaçant

S’il y a bien une chose à retenir de cette histoire, c’est bien l’ambiance que Karine Giébel instaure au fil des pages, comme une ombre. La paranoïa est au centre de cette histoire et elle s’installe magnifiquement bien. Inutile de vous dire que l’effet sera garanti si vous lisez ce roman seul chez vous en fin de soirée. Vous allez être aux aguets pour le moindre bruit et c’est tout à fait compréhensible.
Par le biais de cette paranoïa ambiante, Karine Giébel nous déstabilise et nous empêche de vraiment de trouver la solution. Bien sûr, nous avons quelques idées, mais celles-ci sont tout de suite contrebalancées par la folie du personnage principal. Dans cette histoire, il est difficile de faire confiance à quelqu’un et tout le monde nous paraîtront suspects.
Le rythme est assez lent par moment et quelques répétitions d’événements subsistent. Ce rythme m’a quelque peu déstabilisé dans un premier temps, puis je me suis dit que cette lenteur était utile pour la mise en place de cette ambiance et de l’état d’esprit général de l’histoire. Juste une ombre se veut anxiogène, suffocant par moment et complètement malsain. On se demande sans cesse si une personne vient réellement mettre en danger le personnage de Cloé ou si celle-ci est en pleine crise et qu’elle invente tout. Cette sensation de harcèlement est vraiment très présente et on ne peut que penser à toutes ces personnes qui se font suivre dans la rue… D’ailleurs, Karine Giébel va nous laisser mariner dans cette situation pendant un long moment, puisque « l’enquête » ne démarre qu’au milieu de cette histoire.

Comme à son habitude, Karine Giébel réussit son tour de force avec ses personnages. Je pense que l’on sera tous d’accord, mais le personnage de Cloé est détestable au possible. C’est une jeune femme travaillant dans le monde de la publicité, mais surtout dans un monde d’homme. Elle a donc du sortir les armes pour ainsi se défendre comme il faut dans ce monde impitoyable. Cloé est donc devenu une jeune femme horrible, hautaine, sûre d’elle, froide, prenant les gens pour ses laqués. Cependant, plus l’histoire avance et plus on est attendris par cette personne. On apprend à la connaître, la carapace se casse petit à petit et nous apprenons un lourd secret qui la ravage. Tout cela fait que nous voulons nous battre avec elle ou du moins trouver la solution. Cependant, rien ne nous empêche d’être perdu, car tout nous pense à croire à la folie…
Alexandre Gomez m’a beaucoup plus plu, car j’ai pu me retrouver dans ce personnage. Gomez est un enquêteur aux méthodes musclées. Véritable casse cou et grande gueule que ce soit au travail et sur le terrain, Alexandre a la réplique facile et son ton sarcastique m’a énormément fait rire. Cependant, tout comme Cloé, les apparences sont trompeuses et on se rend compte qu’Alexandre est un ourson au grand cœur dès qu’il est avec sa femme. D’ailleurs, la relation qu’il entretient avec elle m’a brisé le cœur…

Juste une ombre est un roman qui va vous laisser quelques traces. L’histoire qui nous est offerte est glaçante par son sujet et ses différents événements. Quel que soit la solution finale, Juste une ombre vous fera vivre un cauchemar et vous fera devenir parano… Karine Giébel frappe fort avec ce roman et elle offre une fin à l’image de ses romans. Celle-ci est triste, glauque, malsaine, mais l’espoir est tout de même présent… C’est donc encore avec un sujet d’actualité que Karine Giébel nous fait vivre un enfer. Je pense que cette histoire pourra résonner en vous durant longtemps et vous fera craindre d’être suivi…

8 réponses »

  1. Tu me donnes encore plus envie de lire Purgatoire des innocents !
    J’ai tellement aimé Juste une ombre. Au fil du roman, j’arrivais parfois à m’étonner du talent de Karine avec ses personnages. Réussir à rendre Cloé attachante, c’était vraiment pas facile ! La fin m’a tout autant glacé que l’entièreté de ce livre, bravo à l’auteure.

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    • Ah je suis heureux de lire ça, même si le Purgatoire des innocents est bien différent au niveau de l’ambiance et du degré de violence…
      Je pense que c’est son point fort… Réussir à rendre un personnage aussi vivant, aussi réaliste et en proie à autant de noirceur. La psychologie est poussée est cela fait du bien à lire 🙂

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